''Dogman'' est un film italien réalisé par Matteo Garrone (metteur-en-scène du très remarqué ''Gomorra'' en 2008). pour ce film, l'acteur Marcello Fonte a reçu le Prix d'interprétation masculine au festival de Cannes 2018. Regrettons donc que l'acteur ait reçu ce prix. Mais soyons soulagé que le film n'ait pas reçu un prix encore plus important (style le Grand Prix où carrément la Palme d'or! ).
Marcello est un toiletteur pour chiens. Homme gentil et aimé dans tout le quartier, il va se retrouver embringuer dans les sales combines de son ''ami'' Simon, un voyou drogué et ultra-violent.
Bon, au-moins, le film a bien un intérêt. Ce sont les chiens. Dis comme ça, cela peut sembler étrange, mais les chiens ont de vraies qualités d'acteur et ont à l'écran une véritable présence. Ces chiens sont le point fort du film car ils sont présents au centre de l'écran dans les scènes les plus incongrues, les plus originales. On peut penser à ce concours de toilettage auquel participe Marcello. Ou encore à la scène la plus surréaliste du film où Marcello tente de ranimer un chihuahua qui a été enfermé dans un congélo. Mine de rien, c’est bien grâce à ces chiens que le film se pare d’une petite touche d’originalité. Malheureusement, Garrone filme aussi des êtres humains. Il n’aurait pas dû…
‘’Dogman’’ se base sur un rapport de domination très clair. Trop clair en fait : on comprend trop facilement la répartition entre Marcello et Simon. D’un côté, il y a le faible doux Marcello, lequel ne fait qu’encaisser les brimades. De l’autre, on a la méchante armoire à glace Simon qui roule complètement Marcello dans la farine. Le bémol principal est là : Garrone réalise un film affreusement redondant dans ce qu’il raconte et horriblement simpliste dans ses rapports entre les êtres humains. Donc le peech du film est centré sur les déboires que fait subir Simon à Marcello. C’est à peu près tout. Pendant environ une heure et demie (la fin n’est pas incluse), Garrone ne cesse de se répéter. On a compris qu’il arrive un nombre considérable d’ennuis au héros. Mais ce n’est pas le cas de Matteo Garrone qui stigmatise à outrance son héros. Un déboire par çi, un déboire par là… D’accord, on a compris, maintenant raconte-nous autre chose ! ‘’Dogman’’ fait partie de ces films (style ‘’Inside Llewyn Davies’’ des frères Coen) qui prennent un malin plaisir à malmener son héros sans que le nombre d’emmerdes qu’il subit soit justifié. Ainsi, dans ce film, Marcello est menacé, exploité, arrêté, ignoré, tabassé… et ce pendant trop longtemps. La vision de Matteo Garrone sur l’humanité est une vision du gros trait. Ses protagonistes sont sans véritable nuance (c’est particulièrement flagrant avec Simon qui n’est rien d’autre qu’une grosse brute ultra-violente, même Scorsese, qui n’est pas sans détester les violents ripoux n’aurait pas osé l’intégrer dans ses films!). En fait, tout est à l’image de l’acteur principal Marcello Fonte : en sur-jeu permanent et emprunt à la balourdise (sérieusement, on a plusieurs fois l’impression d’être devant Gollum!). Devant le film, on passe par deux états. Au début, on plaint le héros, devant avec ses problèmes. Puis, plus le film avance, plus on finit par s’en détacher, tellement l’acharnement de Garrone à vouloir mettre son héros dans une délicate position est idiot.
Idiot, certes, mais aussi prévisible. Dans ce genre de film (c’est à dire une confrontation entre un fort et un faible), le spectateur s’attend à un renversement de situation. Le fort devient le faible et le faible devient le fort. Et oh surprise, c’est bien ce qui arrive ici !
Après que Marcello soit allé en prison pour sauver Simon, après que ce dernier est tabassé Marcello en remerciement, la situation se retourne. Simon se fait enfermer dans une cage à chiens et finit par être tué par Marcello… après une heure et demi de film
. Eh ? C’est tout ? Le film se termine sur ce que le spectateur attendait de voir depuis le début. On pourra toujours rétorquer que ce qui compte, ce n’est pas ce qui arrive, mais la manière qu’à Garrone à filmer ce qui arrive. Mais justement, visuellement, le film ne propose rien de formidable : quelques plans séquences vraiment pas casse-tête à réaliser pour un metteur-en-scène qui a de l’expérience. Et puis bien sûr, il y a cette métaphore filée que tisse Matteo Garrone pendant tout le film. Qui sont les vrais bêtes sauvages dans ce film ? Les chiens ? Ne serait-ce pas plutôt les êtres humains qui ne cessent de s’entre-dévorer ? Là encore, on comprend très vite que Garrone met sur le même plan Marcello et Simon avec les chiens en cage. Marcello, qui devient en fin de film le Dogman du titre. Comment ? Vous n’avez pas compris cela ? Ne vous inquiétez pas, Matteo Garrone qui n’est décidément pas le roi de la finesse, va vraiment vraiiiment insister. Ainsi demande t-il à son acteur d’en faire trois tonnes à la fin du film, quitte à lâcher des filets de bave (pas de blague, il le fait!) pour que le spectateur comprenne bien que Marcello est devenu une bête sauvage, un de ces colosses qu’il doit toiletter. Ça y est, le summum de la lourdeur est atteint !
En conclusion, si l’on devait définir ‘’Dogman’’ en deux mots, ce serait : lourd et long. Lourd car Garrone est un réalisateur du gros trait et n’a aucune nuance. Long car si au premier abord, une heure quarante-deux peut sembler court, cette durée est interminable pour ce que le film raconte. Décidément, ces derniers temps, le cinéma italien ne cesse de décevoir.