Cet excellent film, émouvant, beau, lumineux et extrêmement pudique, marquera l'année cinématographique par sa fluidité narrative et sa mise en scène soignée. Amanda, porté par des interprètes remarquables de justesse dont un Vincent Lacoste dans son plus beau rôle à contre emploi car il sort du registre comique habituelle en s'aventurant avec grâce et émotion dans le tragique. Pourtant, à l'image du filmage, il ne verse jamais dans le pathos. La petite fille, jouée avec une grande maturité par Isaure Multrier, a peut être le rôle matriciel du film, qui passe par toutes les émotions du deuil (rejet, violence, effondrement et sublimation). Saluons le retour de la trop rare Marianne Basler douce mais avec sa dose d'impuissance et Greta Scacchi, méconnaissable mais à la diction et au jeu parfait. Deux actrices méconnues à découvrir dans des rôles retenus mais forts : Stacy Martin et Ophélia Kolb (fort jolie). Le film est dès le départ passionnant ; on sent l'amorce du drame approchant (un incident à l'école, la course à vélo de David). Serti d'une musique judicieusement choisie, Amanda est porté par une indéniable qualité photographique qui magnifie Paris, un Paris d'été lumineux. Mikhael Hers filme très bien les lieux (parc, rues, décors intérieurs). Justement, ce qui marque dans le film est la rencontre entre un extérieur solaire, l'image d'un idéal de vie, un été idyllique avec le drame horrible, le travail du deuil et l'acceptation des responsabilités d'un jeune homme perdu, surpris par la force des événements et dont l'immaturité et la maladresse face à sa nièce est à la fois drôle, touchant et bouleversant. La tragique histoire familiale intime (aucun personnage n'est d'ailleurs à priori négatif) se trouve confrontée à la grande histoire du terrorisme traitée avec beaucoup de réserve et de finesse (de rares traces d'évocation du problème de la religion apparaissent mais il est montré pudiquement). Amanda, qui rappelle les films d'Eric Rohmer (pour la mise en scène) et Nanni Moretti (pour le thème du travail de deuil) est une oeuvre immense, qui , bien que triste, donne ne l'espoir, sans le moindre pathos.