L'affiche ne ment pas : filmé caméra à l'épaule, avec plein de personnages devant qui gênent la vue pour faire documentaire.... et le titre : c'est la guerre ! C'est lourd, la guerre. Il faut émouvoir (ce bébé, ils l'ont trouvé où ?
A peine né, il joue mal ! ou alors c'est un faux -possible-)
. Alors, on sort comme un cheveux sur la soupe une fille, un bébé, une femme à qui on fait 'la bise' (???), un verre de rouge
(ça m'émeut toujours beaucoup)
. Le thème est bien : les multinationales
s'en mettent plein les poches
en mettant les humains du monde entier en concurrence. Les arguments des uns et des autres sont tous sortis. Ils sont d'autant bien dit que c'est Vincent Lindon qui les dits, tous, et que c'est un excellent acteur qui sait bien dire les textes, y compris si ce sont des tracts syndicaux. Le film aurait pu être serré sur son sujet, tel "La Prime" de Sergueï Mikaelian. Mais non, malgré le jeu toujours impeccable de Vincent Lindon, on en rajoute, on en rajoute, jusqu'à la fin... Le jeu des non négociations y est parfaitement décrit. Si vous ne le saviez pas,
les négociations de fermeture de boîtes ne sont pas sérieuses
. Bon, au cas où on ne le sache pas. Sinon, la lutte syndicale sans consession (ça me rappelle cette bien juste phrase : le jour où l'esclavage sera autorisé, la CFDT négociera le poids des chaînes), c'est la seule solution; ça aussi, on savait. Tiens, la CFDT, elle est pas là... il y a la CGT (le film se dit à son service), FO, la CFE-CGC, et le syndicat de boîte au service du patron. Mais c'est lourd... On dirait du Cayatte. Autant "La Loi du marché" avec du même Stéphane Brizé avec le même Vincent Lindon, était tout en finesse, avec des scènes particulièrement travaillées -la négociation autour de la vente du mobile home-, autant ici, trop d'artifices sont utilisés. Abus aussi des "images télé" : on se demande
combien BFM a payé
pour le
placement de produit
... L'artifice le plus efficace est le son -pas vraiment musique- avec les paroles estompées. Autre artifice : pas de générique de début : on essaie d'assomer le spectateur d'entrée de jeu. En revanche, le générique de fin est intéressant :
Outre la CGT, et beaucoup de gens, on y remercie le MEDEF
. On peut : certes, à priori, c'est pour le remercier d'avoir pu tourner à son siège ou avec ses affiches. Mais, moi, vous me connaissez, je suis tordu :
je veux connaître le nom de ceux qui ont détruit la manif du 1er Mai de la CGT
. Je veux aussi connaître l'intérêt de participer à cette aventure cinématographique
hors des placements de produits BFM
: Que se cache-il derrière ce film, à priori syndicaliste ? Tout simplement une fin courte, mais lourde, lourde, beaucoup trop lourde : Vous voulez savoir ce qui arrive à des syndicalistes qui ne cèdent rien au grand patronat ?