Maasaki Yuasa reste définitivement l’un des électrons les plus libres de l’animation japonaise, jamais en retard d’un personnage aux traits bizarroïdes, de méthodes d’animation inattendues pour illustrer certaines scènes ou de séquences psychédéliques complètement folles. Chez lui, c’est le fond qui reste souvent le plus timoré alors que la forme, pas un seul instant, ne doit cesser de manifester un anticonformisme absolu. C’est encore une fois le cas ici, avec des personnages qui peuvent approcher du photoréalisme et subitement être réduit à quelques traits grossiers et caricaturaux, des sirènes au faciès convexe au milieu d’un foisonnement fantasmagorique de créatures aquatiques, des séquences griffonnées d’un trait enfantin ou soumises à toutes les déformations possibles et imaginables,...bref, un véritable festival de stimulations sensorielles pour raconter l’irruption d’un monde marin semi-légendaire dans un monde contemporain frappé des maux habituels de la société japonaise. Comme dans beaucoup d’Anime, le scénario a tendance à s’éparpiller un peu trop même s’il ménage quelques moments forts mais la petite sirène Lou reste l’un des personnages les plus craquants de la production nippone récente. On pourrait toutefois reprocher à ‘Lou et l’île aux sirènes’, même s’il adopte une esthétique radicalement différente, d’emprunter beaucoup d’éléments narratifs, tout au long des deux heures qu’il dure, à ‘Ponyo sur la falaise’ d’Hayao Miyazaki…ou quand l’hommage se mue un peu trop en coffre à trésors à piller…!