Alice Comedies est une série de courts-métrages d'animation produits par Walt Disney de 1923 à 1927. Il s'agit des débuts de sa carrière à Hollywood ainsi que du studio d'animation Disney, aujourd'hui appelé The Walt Disney Company.
Walt Disney puise l’idée des Alice dans une série de cartoons des frères Fleischer, Out of the Inkwell, dans laquelle des personnages quittent le monde animé pour s’inviter dans la réalité. Il inverse le concept en projetant une actrice chez les toons. Il embauche ainsi une petite fille de quatre ans, Virginia Davis, pour jouer Alice. Elle a pour mission de découvrir le pays virtuel de "Cartoonland".
Alice Comedies totalise 57 courts-métrages muets en noir et blanc qui mêlent animation et prises de vue réelles.
A l'instar d'Alice Comedies sorti en 2016, ce deuxième volet propose une sélection de 4 courts-métrages sonorisés par l'Orchestre de Chambre d'Hôte et restaurés et éditorialisés par Malavida. Le programme existe également en version ciné-concert. Alice Comedies 2 est composé de Jour de pêche (Alice's Fishy Story), La Magie du cirque (Alice's Circus Daze), L'Ouest moutonneux (Alice in the Wooly West) et Alice Joueuse de flûte (Alice the Piper). Pour ce dernier court, la bande originale est composée par Manu Chao.
Walt Disney habite encore à Kansas City lorsqu'il crée le studio d’animation Laugh-O-Gram Films. Aidé par son ami Ub Iwerks, il réalise avec beaucoup de difficultés six petits cartoons. Tous sont des adaptations modernes de contes de fées et constituent une série dénommée Laugh-O-Grams. Il entreprend ensuite de réaliser Le Monde merveilleux d’Alice (Alice’s Wonderland, une référence évidente au personnage de Lewis Carroll) mais l’entreprise connaît de graves difficultés financières et se voit harcelée par ses créanciers. Lorsqu'elle fait faillite à l'été 1923, Disney prend un aller simple pour Hollywood avec sous le bras une copie inachevée du Monde merveilleux d’Alice. Il y connaîtra le succès que l'on sait.
Les interactions entre acteurs en chair et en os et personnages animés étaient parfois si compliquées à réaliser que certains mouvements d'Alice étaient composés à partir de photographies. La prise de vue réelle mise en boîte, la pellicule était ensuite placée dans une caméra spéciale adaptée pour projeter les images originales. Le film était ensuite projeté image par image sur la table de l’animateur, où ce dernier traçait les contours d’Alice sur une feuille de papier pour pouvoir dessiner l’animation autour d’elle.
L'actrice Virginia Davis, première interprète d'Alice, témoigne : "Nous filmions dans un bâtiment vide. Walt recouvrait un grand panneau et le sol d’une bâche blanche et je devais jouer la pantomime. Ensuite, ils ajoutaient l’animation. C’était tellement amusant. Les enfants du voisinage jouaient aussi en tant que figurants. La pellicule était très chère, en général nous ne faisions qu’une seule prise."
Après le 1er volet de Alice Comedies, Malavida a une nouvelle fois fait appel à l'Orchestre de Chambre d'Hôte pour créer la bande son de ce programme de courts métrages. Il s'agit d'un duo guitare électrique (Jean-Paul Raffit) / flûte traversière (Isabelle Bagur) formé en 2009 qui a composé la musique de trois des courts métrages. En ce qui concerne le dernier court, Alice joueuse de flûte, c'est Manu Chao, l'auteur-compositeur-interprète français d’origine espagnole, qui signe une musique originale joyeuse, drôle et dynamique à l’image de son héroïne.
Première égérie des Alice Comedies, Virginia Davis est née le 31 décembre 1918 à Kansas City. Elle commence très tôt à étudier le théâtre et la danse. La légende voudrait que Walt Disney l’ait repérée dans une publicité pour le pain Warneker. Une partie du pilote d'Alice Comedies a été tournée en partie au studio Laugh-O-Grams et chez les Davis.
Après la faillite du studio Laugh-O-Gram, Walt Disney part à Los Angeles et doit convaincre les Davis de le suivre. Ils y voient l’opportunité de lancer la carrière de leur fille et de soigner la tuberculose dont elle souffre grâce au climat californien. Ils ne tardent donc pas à accepter l’offre de Disney. Elle tournera 16 épisodes jusqu’à la fin 1925, date à laquelle le contrat n’est pas renouvelé faute d’avoir trouvé un accord financier avec les Davis. Elle va poursuivre sa carrière d’actrice dans les années 1920, mais Alice restera son plus grand rôle. Premier symbole des studios Disney, où elle a travaillé au département encrage et peintures, elle se verra décerner le titre de Disney Legends en 1988. Elle décède le 15 août 2009 à l’âge de 90 ans.
Si Virginia Davis a fait connaître Alice, deux autres petites filles vont aussi l’incarner : Lois Hardwick qui jouera dans une dizaine d’Alice, puis fera quelques rôles au cinéma, devenant la 1ère femme de Donald Sutherland et Margie Gay qui interpréta ce rôle dans 31 des 57 films de la série.
A ses débuts, Walt Disney est un admirateur de Charlie Chaplin. Il possède également quelques rudiments en animation, puisés dans les ouvrages de Edwin G. Lutz (Animated Cartoons, 1920) et d’Eadweard Muybridge, célèbre photographe de la fin du XIXe siècle, spécialiste de la locomotion humaine et animale. Il connaît aussi le praxinoscope du Français Emile Reynaud, les films d’Emile Cohl et ceux du pionnier américain Winsor McCay.
Plus précisément, le court Alice joueuse de flûte trouve son inspiration dans la légende allemande transcrite notamment par les frères Grimm et arrivée jusqu’à notre époque sous le titre original Der Rattenfänger von Hameln (L’Attrapeur de rats de Hamelin).
Dans le tout premier court de la série des Alice, intitulé Alice's Wonderland, on peut voir pour la première fois Walt Disney sur une pellicule ainsi qu'une ébauche de souris qui pourrait bien être celle d'un certain Mickey Mouse...
La série de courts-métrages mettant en scène Alice n'a jamais été distribuée en salles mais était montrée en privé par Walt Disney.
Margaret Davis, qui joue la mère d'Alice dans les courts-métrages, est en réalité la tante de la comédienne Virginia Davis.