Si, après avoir regardé ce film, vous vous demandez pourquoi "60 secondes chrono" en titre, cherchez plutôt vers la référence faite à "La grande casse" ("Gone in 60 seconds"), film de H.B. Halicki dans lequel 48 véhicules doivent être volés en 5 jours pour le compte d’un gang. "60 secondes chrono" est donc un remake du film de 1974 en plus moderne et plus dynamique dans le rythme. Pour autant, rien ne se passe en 60 secondes, hormis pour soutirer un véhicule à son propriétaire. Soyons clairs, les puristes trouveront ce film de Dominic Sena très moyen, voire médiocre, de par son scénario jouant principalement sur les apparences attrayantes des belles cylindrées, que nous ne verrons en définitive qu’assez peu, exceptée la Mustang Shelby GT 500 de 1967 (ah ! la belle vitrine américaine…). Mené sur un rythme endiablé, le déroulé de l’histoire est relativement prévisible, mais il offre néanmoins un suspense qui ne se trouve pas là où on l’attend
(on devine que comme Memphis est le meilleur dans son domaine, il va y arriver à les voler, ces 50 bagnoles... non ?)
grâce à une plaisante confrontation entre un voleur de voitures qui a raccroché avant d’être contraint à replonger, et un flic qui rage et qui rêve toujours de coincer cet insaisissable voleur. Nous avons donc droit à une belle immersion dans le monde des braqueurs de voiture de luxe avec à la clé une folle course poursuite digne de la scène culte de "Bullitt". Cette immersion a été rendue possible par, en plus du rythme et du suspense déplacé, le charisme des acteurs au service de personnages dont la psychologie ne sera pas développée plus que ça, respectant le fait que les voleurs soient des personnes plus ou moins énigmatiques. Ainsi, on prendra en sympathie aussi bien les voleurs que les flics. A commencer par Randall appelé Memphis (Nicolas Cage), et surtout Otto (Robert Duvall, toujours aussi bluffant de naturel), sans oublier le tenace inspecteur Castlebeck (Delroy Lindo). Ces trois-là sont d’une telle présence, qu’ils occultent presque tous les autres rôles alors que ceux-ci ont pourtant leur importance dans l’histoire. La mise en scène est dynamique, sans qu’elle soit outrageusement boostée aux effets visuels, et une bonne partie du film a même un aspect clipesque avec ses contrastes de lumières (notamment lors des séquences tournées dans le garage), qu’on peut retrouver dans bon nombre de hangars mais sans que les couleurs ne soient aussi prononcées. Cela dit, cela reste agréable à l’œil, d’autant plus que chaque coin du lieu est mis en valeur. "60 secondes chrono" fonctionne grâce à quelques trouvailles intéressantes, comme le déploiement de roublardise
(la liste invisible à l’œil nu)
, et l’intégration d’un peu d’humour
(la disparition des clés)
toujours le bienvenu quand il est parfaitement distillé. Nous sommes d’accord, "60 secondes chrono" n’est pas le film d’action du siècle, mais il reste tout de même un très bon divertissement qui plaira surtout aux amateurs du genre.