En voilà une bonne petite surprise que le remake de ce bon film mexicain datant d’il y a une dizaine d’années. Si l’original était un polar stylisé aux accents indépendants prononcés, presque un film d’auteur d’ailleurs, cette nouvelle version typiquement hollywoodienne (dans le bon sens du terme ici) opte clairement pour le rythme, l’efficacité et l’action plus que le psychologique. Et cela octroie un côté série B du samedi soir distrayante, fun et bievenu à ce « Miss Bala » version 2020 loin d’être désagréable. Il est évident qu’on n’est pas devant du grand cinéma mais du divertissement pur et simple qui n’en oublie pas pour autant de faire (un peu) réfléchir. Mais aussi qui donne du bon grain à moudre aux afficionados d’action, de polar ou de thriller et en charmant l’audimat féminin en mettant en scène une héroïne forte, comme c’est la mode en ce moment.
Attention, « Miss Bala » développe tout de même quelques scories, qui n’entravent cependant pas le plaisir qu’on prend à le visionner. D’abord, il y a quelques facilités de scénario (la manière un peu trop facile dont s’en tire le personnage principal dans certaines situations) qui virent parfois à l’invraisemblable (le final certes réussi mais quelque peu improbable). Ensuite, l’érotisation finale de la femme d’action, sexy en robe de soirée moulante dotée d’une mitraillette, est certes belle à regarder et jouissive. Néanmoins, dans un suspense sérieux comme celui-ci, elle occasionne une rupture de ton presque ridicule. Heureusement, l’actrice Gina Rodriguez porte le personnage sur ses épaules avec brio et agit comme une révélation qui fait totalement passer la pilule. On croit en elle ainsi qu’à ses peurs, ses soulagements et sa manière d’agir.
Sinon, de la première à la dernière minute, « Miss Bala » est un long-métrage musclé mais qui ne tombe pas trop dans l’excès (il subsiste en effet une grosse part de réalisme du film original quant au trafic de drogue et aux réseaux affiliés tout comme à la corruption généralisée à la frontière americano-mexicaine). Cette petite série B à priori banale est un réel et surprenant plaisir où l’on ne s’ennuie pas une seule seconde. Pas du grand cinéma certes, mais du spectacle carré et qui ne se prend pour rien d’autre que ce qu’il est. On est étonné de retrouver Catherine Harwicke qui vient du cinéma d’auteur dans ce type de projet mais il faut se rappeler qu’elle a aussi inauguré la saga « Twilight » au cinéma. Sa sensibilité, à la fois féminine et venant du sérail indépendant, infuse certainement ici. De plus, sa mise en scène est tout aussi musclée pour un film de ce genre que n’importe lequel de ses collègues masculines. En somme, ce n’est pas inoubliable mais totalement divertissant.
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