Avant-hier, j’ai revu ce film que j’étais allé voir lors de sa sortie en salle et, bizarrement, je l’ai plus apprécié à cette occasion. J’écris « bizarrement » car je connaissais le déroulé de l’histoire, les décors, les acteurs. Pourtant, je n’en étais pas moins « dans l’histoire », mais j’en mieux apprécié la mécanique bien huilée.
Car sous le thriller pointe une critique acerbe de notre société, tout en mettant en avant les valeurs familiales. En effet, les deux familles qui s’opposent dans ce film ne sont pas si dissemblables qu’il y paraît de prime abord. D’un côté se trouve la famille riche, très unie, avec un père travaillant mais aimant, une femme au foyer surprotectrice, une jeune adolescente en quête de reconnaissance et un fils qui a tout du petit malin et manipule sa mère hyper-sensible pour mieux obtenir ses faveurs. De l’autre côté, nous trouvons une famille pauvre, très unie elle aussi, autant dans l’affection que dans l’arnaque. Car, pour s’en sortir, ils n’on- pas d’autre choix que de vivre de petits expédients et de profiter de la moindre occasion. Mais il n’en est pas moins vrai que les époux s’aiment vraiment et aiment profondément leurs enfants, qui le leur rendent bien.
Ce qui va différencier ces deux familles, c’est bel et bien leur différence de statut social, qui va mettre l’une au service de l’autre. Mais là aussi, les choses se passent bien et les deux clans y trouvent leur compte. La différence sociale intervient lorsqu’il s’agit d’intégrer la haute-société. Le fils falsifie son diplôme avec l’aide de sa sœur pour forcer la porte des riches. Puis il profite de la crédulité de la mère et de l’amour hypertrophié qu’elle porte à son fils pour faire venir sa sœur en tant que professeure, prétendant que c’est une vague connaissance. Cette dernière fait en sorte que le chauffeur soit licencié pour être remplacé par son père, qu’elle qualifie d’oncle (ce qui en Corée, comme au Japon, désigne un aîné que l’on respecte). Et chacun des membres de cette famille très fonctionnelle et peu scrupuleuse de mettre en place un stratagème pour évincer la gouvernante et faire entrer la mère dans la bergerie, toujours en prétendant ne pas la connaître. La cellule familiale est donc reconstituée au sein de cette grande maison, à l’insu des propriétaires.
Tout aurait pu s’arrêter là, donnant lieu à un conter légèrement immoral, et amusant, sur la lutte des classes, ainsi qu’une critique sociale intelligente et bien menée, mettant en exergue l’ingéniosité dont doit faire preuve cette famille défavorisée pour faire entrer de l’argent dans le foyer et tenter de quitter sa condition. Mais non, le réalisateur et son coscénariste trouvent un twist qui va faire basculer l’histoire dans le thriller social où l’on finira par se demander, et c’est bien là tout le propos du film, qui est le « parasite » de qui. Sans révéler le retournement de situation inattendu, il mêle à cette apparente harmonie des éléments perturbateurs qui se révèlent être eux aussi des parasites, à leur façon, mais pour qui il est également question de famille.
Le point de bascule qui mène le film dans l’horreur, ordinaire et réaliste, est la répétition d’une humiliation qui est, je crois, involontaire. Ce qui classe aussi la famille riche dans la catégorie des parasites puisqu’ils pompent l’énergie et la dignité de leurs employés (la façon dont ils sont à chaque fois capables de les congédier est d’ailleurs révélatrice).
Enfin, la conclusion du film m’avait dérangé au cinéma car elle m’avait laissé sur ma faim. Or, la deuxième fois, je l’ai trouvée parfaite car elle conclue vraiment l’histoire en suivant la logique de cette humiliation à répétition et n’apporte pas de réelle solution à l’ultime problème puisqu’elle n’existe pas… « Le seul plan qui ne rate pas, c’est de ne pas en avoir. »