Il ne mérite pas la palme. Impossible. Ou alors la sélection était mauvaise dans son ensemble, ou bien, c’est politique : n’était-ce pas l’anniversaire des 100 ans du cinéma coréen et la 1ère palme du pays ? Joli cadeau. Bref.
Pourtant, ce n’est pas tant le fond qui est à redire, mais la forme. Le sujet rend curieux : une famille très aisée est « parasitée » par une famille de pauvres qui s’accaparent de manière machiavélique tous les postes de la maison. Mais, qui parasite est parasité à son tour…
Cependant, ce qui cloche dans le film, tout au long, et c’est dommage, c’est l’alternance perpétuelle entre le thriller et la comédie, et pas n’importe quelle comédie, la plus potache tant qu’a faire ! Des scènes qui construisent une intrigue de suspens et d’imprévisibilités plutôt réussies et des scènes enfantines et maladroites ; Bong (c’est son nom) gâche tout, sapant continuellement tout ce qu’il vient d’établir ; deux genres entre thriller et comédie que le réalisateur semble n’avoir pas su départager ; en fait, c’est comme s’il y avait 2 réalisateurs qui donnent l’impression de ne pas s’être entretenus.
Il n’y a pas d’humour bêta dans un thriller, sinon c’est du Vaudeville.
Potache : en découle, un jeu majoritairement théâtral des acteurs, la « Palme » à la maîtresse de maison qui sur-joue une parodie de stéréotype du cliché de la bourgeoise : naïve et bébête ; les personnages tombent sottement dans les escaliers de la cave, l’objectif ? réunir les protagonistes entres eux ! Ou aussi, la scène au ralentie, où ils essaient tous de rattraper le téléphone en l’air qui tombe : c’est grotesque, clownesque, cela ne fonctionne pas… Etc. Etc.
On dirait que Bong a gardé la première prise tournée de chaque scène, sans les retourner, donnant du coup une impression de bâclé (comme certaines scènes d’ailleurs de « Snowpierce »…) Dans le même temps, d’innombrables scènes manquent de crédibilité ; « la Palme » à la scène où la famille des riches revient précipitamment de WE car il a y eu une tempête ; le fils « pauvre » se cache sous le lit de la fille à qui il donne des cours, les autres sous la table basse du salon ; et justement, les propriétaires décident qu’exceptionnellement ils vont dormir sur le canapé du salon ! à 1 mètre de la table basse !! Nous sommes dans le théâtre de boulevard des années 80. Donc, à un moment, les pauvres se retrouvent tous sous la table basse, et le fils envoi des sms à la fille qui dort à l’étage, son écran est rétro-éclairant, pas discret du tout, mais les propriétaires ne semblent pas dérangés, lesquels propriétaires réveillés pour un détail, se rendorment en 1 seconde laissant soudainement les « pauvres » se glisser au sol et s’échapper, alors qu’ils (les riches) n’ont pas pu se rendormir aussi vite : là, c’est trop ! Nous ne sommes pas dans un thriller. Ni dans une comédie. Dans la niaiserie ?
Pour placer sa femme en tant que gouvernante, le père de famille des pauvres monte un coup : il montre à la propriétaire un selfie de lui où derrière lui sur le selfie il y a la gouvernante actuelle et argumenté d’une explication bidon (facilité par le fait déjà vu que la propriétaire est totalement nunuche) il va provoquer le limogeage de ladite gouvernante et obtenir à sa femme le poste : c'est grossier, on n’y croit pas une seconde. C’est bâclé. Bong fait preuve d’un manque édifiant d’imagination et nous prend pour des idiots.
Le film se déroule et nous sommes étonnamment curieux du dénouement. Mais le final est absurde, non pas la scène en elle-même mais par rapport au film en son entier (à défaut que le film ait respecté tout au long cette rage, cette pulsion, cette imprévisibilité) : un personnage déjà à moitié barré, est pris de démence ce qui va provoquer une réaction en chaîne et ensanglanter façon gore la fin du film : c’est tape à l’oeil, on sent trop l’intention du réalisateur de vouloir choquer, « de la violence, ça va faire réagir » c’est maladroit. Le message social entre les pauvres et les riches (l’odeur) est trop simplet. Trop de scènes manquent d’originalité malgré leurs airs de la revendiquer.
Une Palme réclame pour le moins, entre autre, cohésion stylistique et rigueur rythmique.
On attendait franchement beaucoup mieux du « thriller de l’année » par le réalisateur « en vogue » du moment.
Politique ? En tout cas l’engouement unanime général est suspicieux.