X-MEN
Un film de Brian Singer
Voilà un film qui avait des allures d’embuscade. Véritable épée de Damoclès au-dessus de la tête de son metteur en scène, les X-MEN étaient attendus au tournant, par la critique bien entendu, mais aussi par leur public.
Ce public était particulièrement exigeant, et ce pour une simple raison : essentiellement composé de fans ou d’ex fans de la bande dessinée crée par Stan Lee, il demandait une grande part de fidélité tout en escomptant une certaine démesure. C’était là la difficile équation que le réalisateur devait résoudre avant tout, pour ensuite se positionner de manière à séduire un public plus large et auquel le concept de X Men, voire le concept de super-héros contre super-vilains, était complètement étranger.
La question est donc de savoir si Brian Singer est parvenu à remplir la mission qui lui a été confiée, et si oui, quels ont été les moyens dont il a fait usage. Un oui s’impose d’entrée de jeu, même s’il faudra le nuancer. Oui, le cinéaste a su faire honneur aux souvenirs que l’on avait gardés de ces X Men ; même si ces derniers avaient été redessinés à maintes reprises et remaniés à l’avenant. Les fans eux-mêmes font état d’avis divergents quand il s’agit de situer l’âge d’or de ces personnages de comics, mais semblent être d’accord sur au moins une chose : Wolverine – plus connu chez nous sous le nom de Serval – est bien le personnage le plus populaire de la série. Brian Singer l’a parfaitement compris, il lui a donc offert la place de héros principal.
Mettre Wolverine au premier plan, voilà qui était sage, puisqu’ évident. Le metteur en scène a su exploiter la personnalité torturée du plus humain des gentils mutants. Tour à tour agressif, morose, attendri, étonné, puis déterminé, Wolverine est bien la vedette de ce film. Brian Singer a réussi à le rendre plus attachant qu’il ne l’était dans les bandes dessinées tout en évoquant avec justesse ses mystérieuses origines. Sans jamais vraiment se plier aux codes qui régissent la confrérie des X Men, Wolverine a tôt fait de devenir un des éléments principaux du groupe de mutants.
A ses côtés, deux autres piliers des « étranges X Men » : Scott Sumers, alias Cyclope, et Jean Grey. Eux non plus ne pouvaient être oubliés, mais pour d’autres raisons. Faisant partie des X Men originels, ils se devaient d’être présents dans l’adaptation cinématographique du mythe, tout comme le mentor des X Men, le Professeur Xavier. Concernant les autres « bons » mutants, il a bien fallu faire un choix. Ce furent finalement Tornade – la déesse africaine – et la puissante Malicia que l’on choisit. Cette sélection aura pu en irriter plus d’un (parmi les X Men de l’époque Wolverine, on aurait eu plaisir à retrouver Collossius en particulier – probablement trop difficile à matérialiser à l’écran -, Diablo, ou encore Sean le Hurleur), mais le choix du méchant de l’histoire devait remporter une adhésion unanime.
En effet, face aux sympathiques X Men, les spectateurs retrouveront un Magnéto qui s’impose de lui-même. Ennemi juré des X Men, ce dernier avait sa place dès les premiers jets de l’histoire. La trouvaille de Brian Singer est d’en avoir confié l’interprétation à Ian Mac Kellen, et de situer son enfance au sein des camps de concentration nazis. La séquence d’introduction constitue une des scènes-chocs du film, nous présentant des images tirées de l’Holocauste. Le jeune Erik Lehnsherr prend alors conscience de ses pouvoirs naissants ; c’est également à ce moment-là que se forge son mépris pour l’espèce humaine.
Cette haine du genre humain, ce sont des années de souffrance dans les camps qui la nourrissent. Devenu adulte, Magnéto prendra toute l’étendue de ses pouvoirs, pour se positionner du côté obscur des mutants. Son mépris et sa peur du commun des mortels seront alimentés par la crainte qu’éprouvent ces derniers à l’égard de toute forme de mutation. Les mutants se trouveront vite au centre d’une polémique, celle de savoir si leur existence doit être régentée. Le genre humain choisissant la paranoïa et l’intolérance, Magnéto aura vite fait de mettre la survie de ses congénères entre ses mains, et de choisir de combattre cette peur de l’inconnu par le mal.
Le travail du metteur en scène aura permis plusieurs choses : d’abord de transposer à l’écran un mythe qui a bercé toute une génération, sans oublier de lui lancer quelques clins d’œil, les apparitions de Kitty Pride, Iceberg, et Rocket en étant les meilleurs exemples. Ensuite de produire une œuvre qui pourrait constituer une excellente introduction à la culture « comics américains » pour de nombreux néophytes, et enfin de prouver – et c’est là un paradoxe intéressant – qu’un excellent cinéaste est capable de s’effacer devant son sujet pour ne filmer que l’essence d’une histoire sans y imposer sa patte, et c’est bien ce qu’on lui demandait dans le cas présent.
C’est justement ce que certains pourront reprocher à Brian Singer qui, avec Usual Suspects et Un Elève Doué, avait démontré un