En 1994, La Century Fox et la productrice Lauren Shuler, achètent les droits d'exploitation d'un film sur les X-Men, l'équipe de superhéros la plus populaire de l'écurie Marvel, c'est Bryan Singer qui fut finalement signé en 1996, après un Usual Suspect plébiscité par la critique.
Les thèmes principaux du comics X-Men à savoir entre autre la tolérance et la xénophobie ont sans doute fait écho à la personnalité du réalisateur, ouvertement homosexuel. Ainsi grâce à l'assiduité de ce dernier (il aurait parait-il lu beaucoup de comics X-Men et regarder la série animée des années 90), on peut dire que le son film remet au goût du jour les adaptations des super-héros sur grand écran, comme l'avait fait Burton avec son Batman en 89. Le défit cette fois est d'intégrer ces hommes aux pouvoirs extraordinaires au sein de la société américaine moderne. Pour ce faire, la mutation est dès le début présentée comme le fruit de l'évolution, à l'image du passage d'un organisme unicellulaire à l'Homme moderne, ''l'évolution a fait un bon en avant'' comme le dit Patrick Stewart (AKA Charles Xavier dans le film) au terme du générique. Xavier est à la tête d'un groupe de ces humains évolués,
les X-Men, qui se veulent être les portes-paroles et les défenseurs de la Mutanité, sous l'égide de la pensée progressiste de leur leader croyant qu'hommes et mutants peuvent coexister pacifiquement. Cependant, tout le monde ne partage pas l'optimisme de Xavier, son principale opposant idéologique est Erik Lensherr (incarné par le talentueux Ian McKellen), fervent défenseur d'une théorie pseudo-darwinienne selon laquelle si l'homo sapiens est au sommet du règne animal, l'homo supérior (le mutant) est donc son successeur voué à devenir l'espèce dominante sur Terre, cette philosophie peut conventionnelle (et peu réjouissante pour nous, simples humains) trouve ses racines en 1944 ou le jeune Erik d'origine juive est déporté à Auschwitz avec sa famille, cette première scène évoque la naissance de la haine de Magneto envers l'Homme, la victime va pour ainsi dire devenir bourreau.
L'intrigue se déroule ensuite 60 ans plus tard, Magneto assiste incognito à une séance au Congrès sur le phénomène des mutants et ce qui n'est non sans lui rappelé les rafles des années 40, il y retrouve Xavier avec qui il partage une relation ambiguë, entre amitié et animosité, cependant les
deux seniors se respectent mais rejettent réciproquement la vision du monde de l'autre. Le personnage de Magneto dans le film parait moins agressif que dans le comics, ces capacités physiques et surhumaines sont beaucoup moins mises en avant par le réalisateur, néanmoins la
psychologie du personnage reste fidèle : une sorte d'extrémiste convaincu d'être le sauveur de la race mutante et de la perfidie de l'Homme, mais il n'est pas présenter comme un meurtrier de sang froid, la scène de la gare montre qu'il ne tue pas sans raison, son plan subtil consiste a transformer les représentants des puissances mondiales en mutant pour afin que la Mutanité ne fasse plus partie d'une minorité et ainsi assurer sa domination sur Terre, et sur ce point il est prêt à tous même à sacrifier la mutante Malicia pour arriver à ses fins. Il est clair que Magneto est l'un des personnages les mieux retranscrits à l'écran, et la prestation de Sir McKellen est loin d'être anodine.
Concernant Wolverine, LE héros du film, d'ailleurs la trilogie aurait du appelée
Wolverine & The X-Men tellement sa présence est rendue indispensable par Singer, il est clair qu'Hugh Jackman accapare totalement l'écran, devenue une véritable icône grâce à ce rôle de héros violent
et sauvage, provocateur et impulsif, faisant malgré tout preuve de compassion et d'altruisme (ex :
sa relation avec Malicia). La encore, la psychologie du personnage reste assez fidèle au Wolverine des comics, néanmoins le Logan du film se veut être tout public, beaucoup moins violent que le personnage d'origine, ce qui est compréhensible, le but n'étant pas de faire un film gore mais accessible à tous. Logan rejoint donc la fine équipe du professeur Xavier après son existence de loubard au Canada, et va peu à peu s'imposer comme le pilier de l'équipe, laissant Cyclope au rang de figurant. La logique de Singer repose sur l'idée que Wolverine est le X-Men le plus populaire, pour les amateurs ou non de comics (il dispose de sa propre série mensuelle régulière depuis la fin des années 80, a fait des apparitions dans de nombreux autres comics tel que Hulk ou Spider-Man), donc suivant cette logique, Wolverine est l'élément le plus important de la franchise, ce qui est pour certains regrettable sachant qu'à l'origine, le chef d'équipe des X-Men est Cyclope. Singer ne rend vraiment pas justice à Scott, qui devient un personnage de seconde zone.
Malgré de nombreux défauts, le premier volet de la franchise est un divertissement intelligent ainsi qu'une adaptation assez fidèle à l’œuvre d'origine, un bel effort de la part de Singer.