Alors que les films de super-héros n'étaient pas encore en vogue, Marvel décide de confier l'univers des X-Men à Bryan Singer. Ce dernier s'attarde plus particulièrement sur l'un d'eux Wolverine, personnage mystérieux qui va être au cœur des prémices d'une lutte opposant humains et mutants, malgré des visions différentes chez ces derniers.
Parfois ça fait vraiment du bien de se replonger dans des films que vous avez vu un bon nombre de fois durant votre enfance, mais ce "X-Men" représente aussi les prémices d'un genre qui va peu à peu faire exploser le box-office en ce début de siècle et accentuer la mode de la non-prise de risques et des reboots/sequels/.../. Et finalement ce premier opus de cette longue saga est le témoin d'une époque où ce genre n'était pas encore propice à la surenchère (d'effets spéciaux, de bastons, d'univers s'étendant au monde des dieux et la galaxie, de personnages inconsistants ou encore de pseudo-dialogues philosophique), mais aussi où on faisait confiance à un vrai metteur en scène qui savait prendre son temps pour développer une histoire, ici Bryan Singer qui avait notamment brillé avec "Usual Suspect".
Et ça fait vraiment du bien ! Ici on a un personnage (Logan) qui ne se bat pas pour l'univers ou pour sauver le monde mais pour lui et surtout une nana qu'il a rencontrée et à qui il s'est attaché (sans amour). C'était beau. Mais surtout on a le droit à des personnages consistants et intéressants, notamment le mystérieux Wolverine, le non moins ambigu Magneto ou encore le professeur Charles-Xavier. Les personnages féminins sont utiles (à préciser vu les récents films de super-héros) et développés, que ce soit pour servir d'arme à Magneto ou se battre au côté de Charles-Xavier. Alors qu'à la base Magneto et Charles-Xavier avaient été créés comme référence à, respectivement, Malcolm X et Martin Luher King, se battant pour la même cause mais de manière différente, Singer retranscrit cet aspect-là. On a ici des humains sectaires, ayant peur de la différence mais des mutants qui ne sont pas d'accord et dont une branche est capable de répondre à la bêtise humaine par une même bêtise. Singer revient aux origines de Magneto et notamment son enfance marquée par les camps de concentration et met en scène un méchant redoutable et terrifiant. Ce combat psychologique entre Charles-Xavier et Magneto est l'une des grandes réussites du film, où, en plus d'être très bien écrit, riche et profond, tous deux bénéficient de la présence et du talent de leurs interprètes Patrick Stewart et Ian McKellen. Entre eux se dressera une foule de personnages ici aussi bien écrits, quelque soit leur importance, et interprétés, notamment par Hugh Jackman, Anna Paquin, Ray Park (et sa tendance contagieuse à en faire des caisses !) et la belle Halle Berry.
Mais la force du film se trouve aussi dans la mise en scène de Singer. À l'image du scénario, il est plutôt sobre et efficace et rend son film tout le long palpitant et haletant, à l'image de la dernière partie où la tension est à son comble. Il sait prendre son temps pour mettre en place le contexte, développer l'histoire et les personnages sans ennuyer, bien au contraire même. Il donne de l'intérêt et de la force aux enjeux, tout en mettant en valeur ses personnages et se permettant quelques petites touches d'humours bien senties. L'ensemble est bien maîtrisé par Singer qui filme efficacement l'action et se permet même quelques bonnes idées qui sont les bienvenues. Les effets spéciaux ont très bien vieilli et surtout utilisé à bon escient, évitant la surenchère actuellement à la mode, tandis que Michael Kamen propose une partition qui fait corps avec les images et participe à l'apothéose finale.
Bref, ça fait du bien de retrouver cette époque où l'on confiait les films de super-héros à de talentueux metteurs en scènes qui évitaient toute surenchère pour proposer un spectacle aussi agréable qu'efficace et bien foutu, tout en faisant de cette société mutante le reflet de la nôtre.