Le premier film de Mathieu Sapin est sympathique. Voire même plus car on y passe un bon moment sans s’ennuyer une seule seconde. Et lorsque l’on sait que l’homme a évolué dans les coulisses du monde politique durant plusieurs années, on se doute bien que ce que l’on voit à l’écran est fortement inspiré de la réalité et empreint d’une véracité qui favorise la réussite du film. C’est donc bien documenté, même si parfois peut-être un tantinet exagéré pour les besoins de la fiction. Et il y a fort à parier que certainement un ou plusieurs personnages s’inspirent fortement de personnes publiques, politiques ou pas, existant réellement, ce qui rend « Le Poulain » encore plus savoureux. Les arcanes de ce monde de requins où coups bas, manipulations et petits arrangements sont la panacée sont donc plutôt bien rendus sans jamais tomber dans l’aspect documentaire. On est même pris par les déboires de ce jeune stagiaire dont on nous convie à suivre le point de vue.
Quant à Alexandra Lamy, elle nous prouve encore une fois de plus qu’elle est une actrice tous terrains. Il est désormais certain qu’elle ne sera plus cantonnée dans les comédies romantiques, bien qu’elle excelle dans ce registre. Drame, thriller et maintenant chronique politique, c’est une grande actrice française qui s’adapte avec facilité à quasiment tous les genres. En communicante opportuniste, cynique et froide, elle est dans son élément et joue beaucoup dans la relative réussite de « Le Poulain ». Relative car il manque un petit quelque chose à ce film pour qu’il soit une franche réussite. Dans le genre, on a déjà vu mieux à l’international avec l’impeccable « Les Marches du pouvoir » de et avec George Clooney ou chez nous avec le magistral « L’Enquête », où Denis Podalydès se grimait en un Sarkozy facilement identifiable pour nous plonger dans les coulisses d’une campagne politique. Ce qui pêche peut-être ici c’est que le film ne sait pas trop dans quel genre il doit se ranger ni s’il doit être sérieux ou drôle. Même s’il reste cohérent et homogène, le fait d’hésiter entre comédie, chronique politique, romance et même un peu de suspense ne joue pas forcément en sa faveur. Le personnage de Philippe Katerine, beaucoup trop dans la comédie décalée, en est l’exemple parfait en dénotant du reste.
Néanmoins, on comprend bien les rouages d’une campagne politique et le côté désabusé et un peu moqueur choisi par « Le Poulain » montre bien l’aspect parfois ridicule et vide de la politique contemporaine. L’humeur n’est (malheureusement) pas à l’irrévérence mais le portrait dressé du monde politique français d’aujourd’hui, de ceux qui la font comme de ceux qui l’incarnent, n’est pas très glorieux. On aurait cependant aimé le film encore plus incisif et piquant. Tout cela rentre toujours dans le rang et le côté corrosif des très bons dialogues semble réservé aux rapports entre l’attachée de presse et son jeune stagiaire, qui font tout le sel comique du long-métrage, avec brio d’ailleurs. C’est donc un premier film plutôt sympathique mais qui ne restera pas dans les annales. C’est juste, c’est frais, c’est bien joué et ça passe vite mais ça manque de profondeur et d’un axe bien défini en ce qui concerne la tonalité à adopter.
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