**Cette critique sera personnelle et pleine de spoilers.**
Vous êtes prévenus.
"Sans un bruit", dont je préfère le titre original "A Quit Place", est sorti en 2018 et a rencontré beaucoup de succès. J'en avais entendu parlé mais je ne m'en suis pas soucié plus que ça. Les films d'horreurs, c'est pas franchement ce que je préfère et il y en a peu qui me plaisent vraiment. Pourtant, ce long-métrage avait deux arguments pour me convaincre : John Krasinski en tant que co-scénariste, réalisateur et acteur principal, et Emily Blunt en tant qu'actrice principale. J'aime beaucoup ces deux comédiens et j'étais assez curieux de voir ce dont était capable l'acteur américain derrière la caméra. En une belle soirée d'hiver, je me suis donc décidé à finalement regarder ce film parce que je me disais qu'il y avait moyen qu'il me plaise. Je n'étais pas prêt.
Déjà, le film commence de manière hyper audacieuse. Dès la première séquence, le plus jeune des enfants meurt. Après précisément 10 minutes et 7 secondes de métrage, le plus jeune des enfants meurt sous nos yeux alors qu'il ne faisait que jouer innocemment. Très peu de films hollywoodiens osent tuer des enfants à l'écran, encore moins dès les premières minutes et encore moins si ce sont les enfants des personnages principaux. En vrai, ils sont très rares les films qui osent cela, et pas seulement à Hollywood. Cette première séquence du film frappe donc très fort dès le début. Elle prend le spectateur, elle lui présente l'univers de manière efficace, ainsi que les protagonistes de l'histoire et BIM ! En 10 minutes, les bases sont posées et le sang commence déjà à couler.
Dans "A Quiet Place", le moindre bruit peut vous tuer car des monstres aveugles mais à l'ouïe super développée rodent. Il y a donc un travail sur les sons dans ce film qui est magistral. Rien que le petit grincement d'une marche peut apporter la mort. Chaque frottement de tissus se fait entendre. Les pas de pieds nus sur le sable semblent résonner dans toute la forêt. Ainsi s'installe une tension constante, palpable, basée sur le bruit. Le film est par conséquent très silencieux, ce qui amplifie encore plus chaque bruit lorsqu'il est produit. L'idée est originale, et surtout elle est extrêmement bien exploitée avec la construction de toute une vie de famille qui vise à limiter au maximum la plus petite des nuisances sonores.
Puis, vient le final du film. Je suis bon public et plutôt sensible. Il est facile de m'émouvoir. Pourtant, je n'ai quasiment jamais pleuré devant un film. Vraiment pleurer, je veux dire. Il m'arrive d'avoir les larmes aux yeux, mais c'est tout. Sauf que pendant la scène où le père de famille se sacrifie pour sauver ses deux enfants de la créature, j'ai chialé comme un gros bébé. Je n'ai pas du tout vu venir ce moment. J'étais persuadé que tous les personnages survivraient. On avait déjà vu leur enfant de 4 ans mourir devant leurs yeux, c'était bien suffisant. Mais il a fallu que la créature revienne à la charge. Elle attaque le père, puis les deux enfants cachés dans une voiture. Le père alors se relève malgré sa grave blessure, voit ses enfants, en danger, qui le regardent. Il leur dit qu'il les aime une dernière fois et se met alors à crier pour attirer le monstre. Il se sacrifie ainsi, donnant le temps à ses enfants de s'enfuir.
J'étais dévasté devant cette scène, en proie à des sanglots incontrôlables. Jamais je n'avais pleuré comme ça devant un film. Je ne m'y attendais pas et je m'étais attaché à ce père de famille. John Krasinski est un excellent acteur et il a montré ici une performance remarquable, donnant beaucoup d'autorité et de gentillesse à son personnage en ne prononçant quasiment aucun mot. A l'instar d'Emily Blunt, juste par des gestes et expressions, il a créé un personnage auquel on s'attache, pour qui on a peur, pour qui on pleure.
La réalisation du cinéaste américain est très bonne, toute en simplicité. Il n'appuie jamais trop sur les éléments qu'il souhaite montrer. Sa caméra se montre discrète, silencieuse elle aussi, mais elle nous apprend tout ce qu'il faut savoir et nous permet d'entrer directement dans le récit. La bande originale de Marco Beltrami est également efficace. Dans un film où le son est aussi important, il était crucial d'avoir une bande originale de qualité qui prenne en compte cet aspect. Et le compositeur américain en était tout à fait conscient, créant des morceaux qui servent à intensifier les scènes, augmenter la tension et les émotions, tout en étant le plus discrète possible pour ne pas faire trop de bruit, au cas où les monstres l'entendraient.
"A Quiet Place" est donc un film qui surprend par son inventivité, par son audace, par sa tension nerveuse et par sa puissance émotionnelle. Pour son troisième film en tant que réalisateur, John Krasinski impressionne et force le respect. Le film est court, moins d'une heure et demi en enlevant le générique de fin, mais extrêmement intense. Et il restera pour moi le premier film a m'avoir véritablement fait pleurer à chaudes larmes. Et rien que pour ça, ce film est spécial et honnêtement excellent, car aucun autre n'y était parvenu jusque là, malgré leurs efforts. Je m'incline, John, tu m'as eu. Bien joué.