Il y a des film qui font frémir (puis sourire niaisement d’avoir été pris dans le jeu) …
Et il y a des films qui font vibrer, profondément, viscéralement, primitivement.
Sans un bruit est de ceux-là !
Parce que ce n’est pas un film d’épouvante qui joue sur les (grosses) ficelles de la mise en scène, avec des personnages caractérisés rapidement, et parfois interchangeables, pour se focaliser sur la tension de la situation et multiplier les péripéties.
Dans cette pellicule, c’est exactement le contraire : la situation est (dramatiquement simple et claire) ; les personnages sont tous parfaitement caractérisés, subtilement et progressivement ; et c’est justement de l’attachement que nous inspirent les personnages que surviennent les situations extrêmes et que s’amplifie la tension jusqu’à son apogée.
Et cette tension, qui tourne à l’angoisse, est encore accentuée par l’empathie que le jeu des acteurs et la mise en scène savent nous inspirer : car, en effet, nous sommes sans cesse confondus devant par l’inhumanité de la situation (la scène du clou et de l’accouchement !) , cette impossibilité pour la famille d’exprimer (par des mots et des sons) quoique ce soit, de partager un simple moment de joie et de jeu sans se mettre en danger, ce que nous exprime très clairement la séquence d’ouverture avec le pont…
ET que dire du silence lui-même, acteur à part entière du film (bravo aux opérateurs du son) qui, au contraire une source d’apaisement, est la manifestation en creux du danger, que le moindre bruit accidentel rend immédiat, explosif et brutal.
Comment être humain, comment s’aimer, comment rester une famille quand toute communication devient dangereuse ?
Ces questions, archétypales et donc universelles, pourraient à la fois pitcher une comédie dramatique des frères cohen, un thriller social avec un parent abusif façon « Jusqu’à la garde », un suspense domestique avec un mari abusif, ou un attentat terroriste que le héros muet et isolé peut déjouer…
Mais il n’en est rien et c’est la le coup génie de ce film : dépasser les genres et les sublimer.
On pense aux « dents de la mer », à Poltergeist (tiens, deux œuvres liées à Spielberg)
Tout (ou presque) y est en place, efficacement et néanmoins justement.
Un grand film qui dépasse les genres et les étiquettes pour être créatif et innovant et néanmoins juste.
J’adore.