Thriller horrifique, coécrit et réalisé par John Krasinski, Sans Un Bruit est un très bon long-métrage. L'histoire se déroule dans un monde post-apocalyptique où l'arrivée de superprédateurs ultra sensibles aux sons décima la majeure partie des populations humaines et animales, et nous fait suivre une famille du Midwest tentant de survivre dans cet environnement hostile alors que la femme enceinte est sur le point d'accoucher. Ce scénario ne va pas plus loin que ce court synopsis mais parvient à être prenant de bout en bout de sa durée d'une heure et demie à la faveur de son concept atypique et rudement efficace qui ouvre la voie à de multiples possibilités. En effet, toute l'intrigue tourne autour de cet élément majeur de devoir vivre en silence sous peine de se faire immédiatement attaquer par des créatures sanguinaires. Et cet aspect est parfaitement utilisé tout du long, même si on aurait pu imaginer et s'attendre à d'autres séquences du quotidien. On est pris dans cet univers déjà installé depuis plusieurs semaines dès les premières minutes et la tension et le stresse ne va faire que de s'accentuer avec le temps qui passe. L'ambiance, particulièrement oppressante et inquiétante, s'intensifie jusqu'à accoucher de scènes complètement suffocantes où le danger n'est qu'à quelques mètres des proies. Si le récit ne comporte aucun contexte et ne s'epanche pas pour en donner, le métrage n'est pas vide pour autant. En effet, les différents membres de cette famille unie et aimante en dépit les tragédies, luttant contre l'ennemi, ont entre eux des liens intéressants. Des rôles bien joués par une distribution comportant Emily Blunt et John Krasinski lui-même dans les rôles des parents, ainsi que Noah Jupe, Millicent Simmonds et Cade Woodward pour les enfants du couple. Tous ces individus entretiennent des rapports compliqués au vu de la situation et de leur passé commun, mais s'entraident les uns et les autres pour tenter de se sauver car ils s'aiment profondément malgré la difficulté de se le dire lorsqu'on ne peut pas s'exprimer. Des échanges procurant de l'émotion, entre peur et tristesse. Et malgré un silence de mise, ils parviennent tout de même à communiquer, principalement via le langage des signes, notamment du au fait que leur fille est malentendante. Sur la forme, la réalisation du cinéaste américain s'avère qualitative. Sa mise en scène est immersive et évolue dans un décor naturel appréciable et non redondant malgré le fait que l'action se déroule dans un environnement restreint. Surtout, la photographie est soignée et les créatures ont un aspect réussi même s'il n'est pas des plus original. Ce visuel sombre et flippant est accompagné par une b.o. aux très bonnes compositions signée Marco Beltrami secondé par d'autres musiciens. Les notes entendues renforcent encore d'avantage l'atmosphère anxiogène et apparaissent toujours au bon moment à l'écran. Mais la majorité du temps nous avons le droit au silence le plus total ou alors à des bruits extérieurs en guise d'ambiance sonore. Cette dernière est particulièrement réussie en jouant bien avec son propos et la surdité de la jeune fille. Reste une fin ouverte satisfaisante mettant un terme à Sans Un Bruit, qui, en conclusion, est un très bon film renouvelant un peu le genre, méritant amplement d'être visionné.