Lana Wachowski retrouve - et ceux sans sa moitié - l'œuvre qui a fait d'elle une des réalisatrices les plus suivie et commenté de notre époque moderne. Franchement, c'était loin d'être évident, à bien des égards, le pari est hyper réussit ! Sa première partie, qui se moque un peu d'elle même en est la clé de voute de ce programme qui en a dans le ventre !
Avant d'aller plus loin dans la critique, j'aimerais revenir à titre personnel sur cette découverte, avec un peu de retard, comme souvent chez moi. Après avoir revu la Trilogie sur 3 semaines en amont de cette première, de l'avoir prise tel un direct tant elle m'a une fois de plus passionné, je suis allé vers ce quatrième sans trop d'attentes, d'illusions, je me suis laissé porter par la vague, bien m'en a fait. Le retour de ses chiffres, de ce vert, à l'écran, dans une nouvelle mouture de la scène du premier, revu et corrigé par un autre regard, que l'on découvre en biais, qui commente l'épisode devant ses yeux avec ce déjà vu que l'on ne cessera de retrouver ensuite, avec ambition et amusement, un choix osé ! Le reboot de la Matrice, de la boucle dans lequel nos protagonistes sont reclus nous est direct servit en analyse poussé d'un vieux code qui s'autorégénère, se gavant de ses références, dans une réécriture à son propre avantage. Autant le dire, si il y'a de l'idée, il y'a aussi des moyens mis en exergue dans son rendu visuel qui vont dans le sens de ses précédentes réussites. Les CGI, les chorégraphies, la couleur qui pour le coup tranche un peu, pour le bon ici, vont s'inscrire dans un édifice qui se grandit.
Bugs, nouvelle acolyte qui fait son entrée dans la cour des grands retrouve au compte goutte tout les personnages de la période révolu. Morpheus, en premier de cordée, enfin sa réplique, plus fun, notamment fin blagueur. J'aime bien cette intro, ce choix, détricoté et rendu caduc par prise de vue, l'illusion, le vertige, tout y passe dans un condensée de bonnes idées et qui bat la rythmique plutôt deux fois qu'une. Le retour de Neo, aussi, marque les esprits. Son implantation, en haut des tours, tel un hipster qui rêvasse sa période Punk, à la fois intimidé et décalé m'a de suite séduit. La figure du Geek 2.0, qui se trimballe de réunion en réunion, entend les avis de tous sur son travail sans que lui ne donne le fond de sa pensée, qu'il soit la marionnette de sa propre création comme refuge et miroir de sa psyché qu'il estime défaillante et confirmé par son Boss et son Psy, pas forcément bien intentionné à son égard. Le mythe autour de Keanu Reeves dépasse dans le démarrage de ce film la personne de Néo / Thomas Anderson pour vraiment encore plus ancré la situation dans le délire de la suite de Matrix, dénoncé à des fins de marketing et de production mercantile. Pour signifié l'image, j'en appel à la boite de pilule qui se vide dans l'évier, qui à terme est une des séquences les plus barrées de ce long-métrage, en tout cas de mon point de vue.
Les flashs du passé, la relecture vu sous le prisme du complot, d'une déviance est qui plus est accentué par cette entourage qui lui témoigne sans cesse sa fébrilité. Sa thérapie par ordonnance restrictive de sa pensée maladroite et balbutiante est ainsi dilué dans une démence déterminé par un supérieur hiérarchique et son psychologue qui œuvre en secret pour l'un et enchainé pour l'autre au même désir de contrôle de ce dernier, de cet élu au passé confirmé. La rencontre avec Tiffany, n'accentue qu'un peu plus le malaise de notre concepteur de jeux vidéo, il y'a de quoi. La séquence considère toute l'alchimie des deux acteurs et livre un moment absolument magique. La réunion des deux dans la seconde moitié sera en revanche moins faste !
Le Deus Ex Machina, que l'on retrouve par plusieurs reprises en un laps de temps réduit sert de mise en abime avec sa propre histoire, qui va dès lors se décanter. Entre tragédie et farce, selon Morpheus lui-même, Neo va entrevoir différentes facettes de la situation et un peu déraillé. " Is this my mind ! " Un gros Gunfight signe une bis repetita qui à du coffre en stock. Un cadrage plus tard, un peu shunté de surcroit, et voilà que notre Néo se pète le crane à grand coup de picole sur les toit du gratte ciel, avant une tentative de grand saut vite rattrapé par Bugs, qui lui atteste de son point de vue lors sa première tentative qu'on lui récite sans cesse pour une conclusion cette fois un peu différente ...
De là, le film bascule dans une genèse sur l'évolution des choses, en interne et en externe de la Matrice. Le petit F***, lâché par notre quinqua un peu chargé par toutes ces infos diffuses entre accusation et reproches m'a d'ailleurs bien plu ! Une fois libéré de ses câbles, de ses chaines, c'est selon, on le ramène au dojo pour une petite scène ou la rouille se fait sentir. Pour le soustraire au gavage des machines il reprend par le début, et rattrape le temps perdu non sans mal. On cherche d'ailleurs à en rire dans le marasme de la situation. Le versant plus politique de la nouvelle donne est à la fois perspicace, mais aussi un peu plombant ... Avoir des réponses, Ok, mais tout le passage sert ici à vraiment récité une partition sur une logique qui perd en substance sortit de cette même substance ! L'arrivée de ses ancien personnages ne sert pas non plus le fil de son intrigue qui se ratatine à mesure. La mission, en terme de sauvetage ne m'a pas vraiment convaincu non plus même si j'adore le bref passage ou Néo reviens au garage, et confronte l'Analyste. L'image ou il débarque est digne d'une des plus belles scènes touts films confondus.
Le coup de la - Meute - sert par contre très bien le foutoir qui s'orchestre et devient assez jubilatoire dans sa folie démesurée ! La décharge de hargne, de colère aveugle restitue un malaise de société hyper fécond en terme de violence décousu. La fièvre autodestructrice pousse dans des retranchements nos deux principales cibles, qui défoncent de l'hélico pour s'en sortir. Mention, encore aux précédents films !
Pas très entiché de son final, j'avoue avoir pris du plaisir au long de ses deux heures et presque vingt minutes. Je reste à bloc convaincu que le délire du départ est et restera la meilleure contribution à cette Résurrection venu d'outre tombe. J'adore en tout cas la dinguerie mis en œuvre par Lana Wachowski qui ne se livre pas à une suite gratuite ...