Avant de me lancer dans la critique de ce film, mieux vaut dire tout d'abord que j'ai visionné ce film dans son nouveau montage plus court avec quelques passages ennuyeux coupés soit-disant, sans que je sache si cela changera quelque chose sur ma vision du film, ni si le signaler aura servi à quelque chose, mais dans le doute, autant faire pour le mieux ; c'est ainsi qu'à défaut de lenteurs, même si le film garde un rythme très mou sans que ce soit un grand défaut, on devra se contenter d'une fin qui, même si elle finit sur une scène finale des plus réussie, arrive beaucoup trop vite et ferme la boucle d'une façon brutale, et assez frustrante surtout face au manque de péripéties dans l'intrigue principale, même si on se doutait que pour un premier film, Joel Coen n'allait pas emmener son scénario aussi loin que Fargo, une oeuvre amplement anticipé par Blood Simple (titre américain beaucoup moins ridicule que le titre français donné au film), car on y retrouve quelques-uns des codes utilisés à bon escient dont celui qui revient le plus dans la filmographie des Coen : le quiproquo. Ainsi, on peut apprécier le fait qu'aucun personnage ne sache vraiment de quoi parle l'autre à certains moments du film, ce mécanisme commençant à se déclencher au meurtre du mari du personnage personnage principal, Abby, excellement interprétée soit dit en passant, le trompant avec Ray, joué par John Getz qu'on remarque assez peu par rapport à Frances McDormand ou Emmet Walsh (qui joue le détective privé) un personnage assez énervant dans le film car trouvant à chaque fois le meilleur moyen pour se rendre suspect du meurtre qu'il n'a pas commis, cette tournure un peu tordue de l'histoire rendant très peu crédible le personnage dans certaines de ses réactions. Le film est très court mais certaines lenteurs se font quand même sentir par moment, d'autant plus que le film manque un peu de cet humour noir dont ne manqueront pas Joel ou Ethan dans leurs prochains films, et qui aurait aidé l'hommage et en même temps la destruction des codes du film noir qu'on peut voir dans le film (le détective privé devient donc le meurtrier, la femme fatale ne l'est plus vraiment et personne ne sait si la victime est bien morte ou si elle cherche à tuer son ex-femme), même si le burlesque reste présent. Le budget dérisoire dont a bénéficié le réalisateur reste tout de même utilisé à bon escient dans une photographie qui sait très bien jouer avec la lumière et l'ombre (notemment dans la fusillade final, un bel hommage à Fritz Lang), même si la caméra peut donner parfois l'impression d'un film amateur indépendant. Bref, la mention " pour un premier film" excuse beaucoup de défaut du long-métrage (enfin, long, façon de parler), mais nous fait aussi dire que, "pour un premier film", Joel Coen donne un beau petit hommage au film noir qui a eu un beau petit succès critique, tout en posant un peu les codes l'univers (des personnages totalement perdus et une intrigue qui avance de plus en plus en massacre sanglant) qu'il fera exploser avec son frère Ethan sur Fargo, qui écrase un peu ce "Sang Pour Sang" qui reste malgré tout une bonne petite pioche, malgré une lenteur appuyée, une intrigue pas assez poussée, un manque de péripéties et peut-être un manque d'humour (même si on a droit à un des coup des pieds dans "l'endroit sensibles" les plus "beaux" jamais tournés), "pour un premier film". Conclusion : Premier film signé de la marque Coen, première histoire un brin tirée par les cheveux mais pas assez peut-être, premiers personnages de loosers pas vraiment sympathiques s'entraînants eux-même dans le fond du trou. Le film y échappe, pas de justesse, mais de peu.