Je suis ressorti du visionnage de ce film avec une impression très mitigée, tant les 2 parties, thriller (le kidnapping) et psychologique (l'attitude du père Getty), ont chacune des attraits mais aussi pas mal de défauts. Le premier axe souffre de sérieuses longueurs (compensée par quelques sursauts de violence
(l'oreille coupée est une séquence bien dégueulasse, l'assaut)
), d'un manque évident d'impact émotionnel, de ravisseurs peu emballants et d'un Cinquanta aussi intéressant dans son attitude
(il est le seul à préserver Paul et à avoir un minimum de hauteur de vue)
qu'horripilant par la prestation forcée de Romain Duris
(l'accent est ignoble)
, dont j'ignore pourquoi il a été casté pour le rôle d'un italien!!! La seconde trame, en dépit du peu de twists qu'elle réserve, d'une narration de départ un peu fouillis temporellement, d'une voix-off lourde, d'un Fletcher Chase dispensable, et d'une réflexion basique sur l'argent
(qui ne fait pas le bonheur car il rend solitaire et détestable)
, s'avère nettement meilleure, s'appuyant sur un mélange de cruauté concernant le petit jeu du grand-père avec la mère
(argent, héritage, chantage à la garde des enfants, journal en multi exemplaires)
et d'humour sur le monde financier
(le tableau Wermer, la fiscalité et déduction d'impôt, la statuette sans valeur)
. L'ensemble est significativement amélioré par la réalisation façon tragédie (mise en scène, lumière, musique, beaux décors italiens) de Ridley Scott et un contenu très théâtral et mythologique
(la statue finale terrorisante, le tableau imposant, la mort du grand-père alors qu'il se décidait enfin à aider son petit-fils suite à la pression des journaux après le coupage d'oreille)
. Côté casting, Christopher Plummer sort clairement du lot (en magnat monstrueux du pétrole), avec l'excellente Michelle Williams en mère déterminée. J'ai été nettement moins convaincu par Mark Wahlberg (faut dire que certaines de ses répliques sont idiotes), Charlie Plummer, Andrew Buchan (qui n'a pas un rôle transcendant) et bien sûr Romain Duris. Au final, tant sur la forme que sur le fond, "Tout l'argent du monde" est un film moyen, n'exploitant pas au maximum la qualité de l'histoire dont il s'inspire, et offrant ainsi un résultat tantôt drôle, tantôt violent, tantôt ennuyeux, tantôt fade.