Cinéaste prolifique, Ridley Scott est comme Steven Spielberg : il semble multiplier les projets avec l'âge. Alors que son "Alien : Covenant" sortait en salles en mai dernier, voilà que débarque près de sept mois plus tard son nouveau film "Tout l'argent du monde", auréolé d'une sacrée polémique puisqu'à moins d'un mois de la sortie du film, Scott a du virer Kevin Spacey du film pour le remplacer par Christopher Plummer dans le rôle du milliardaire Jean-Paul Getty. Spacey, rattrapé par des casseroles qu'il traînait depuis des années, a vu sa carrière totalement flinguée et ce pour la plus grande joie de certains dont Ridley Scott en premier qui avait toujours voulu Christopher Plummer pour le rôle, Spacey lui ayant été imposé par les producteurs ! Avec un tournage express et une rallonge de budget pour insérer Plummer au film, Ridley Scott effectue un travail acharné et apporte avec Plummer l'un des gros points positifs. L'acteur, dès qu'il apparaît à l'écran, fait totalement oublier ce que la prestation de Spacey (qui était d'ailleurs lourdement maquillé) pouvait laisser espérer. Avec l'âge du rôle, Plummer compose un Getty parfaitement ignoble, égoïste se raccrochant à son argent sans penser un seul instant aux autres. A la tête d'une fortune dépassant le milliard de dollars, celui-ci refuse de payer la rançon de 17 millions que les ravisseurs de son petit-fils demandent ! Excepté Plummer, "Tout l'argent du monde" est cependant un film bien plat, presque expédié par dessus la jambe par un Ridley Scott qui n'a plus rien à prouver, qui sait faire son boulot correctement mais qui ne s'est vraiment pas foulé. Le film, maladroitement écrit, parvient seulement à ménager un faux suspense et ne fascine jamais vraiment dès qu'il s'éloigne de la figure de Getty, un homme totalement corrompu par l'argent. Totalement mou (un paradoxe pour un tel film !), "Tout l'argent du monde" manque d'ampleur et semble finalement passer à côté des thématiques qui auraient pu se montrer intéressantes. Si cela est en partie dû au scénario vraiment mal fagoté et terriblement banal, Scott aurait pu faire mieux du côté de la direction d'acteurs. Étonnamment, Romain Duris surprend en kidnappeur italien, se montrant crédible dans un rôle dont on se demande encore comment il l'a obtenu et si Michelle Williams s'en sort assez bien dans une partition qu'on commence à lui connaître, Mark Wahlberg a vraiment l'air mal à l'aise dans son rôle d'ancien agent de la CIA et peine à convaincre. L'intrigue, lente et tournant en rond, ne bénéficie jamais du traitement idéal et finit par lasser, offrant alors un résultat final intéressant et tout à fait correct mais manquant cruellement d'âme, de tension et de noirceur...