Je rejoins l’opinion générale : Spacewalker est un très bon film spatial. Pour moi il y a deux défauts qui cependant n’arrivent pas à nuire significativement à l’intérêt du métrage. Le premier c’est les longueurs. Le film possède des longueurs, notamment dans sa dernière partie, et aurait été aussi efficace en étant plus synthétique dans ses explications et dans sa narration. Autre point négatif, le côté très linéaire du film qui se rapproche beaucoup du documentaire. On suit pas à pas la préparation et l’expédition et leur retour, avec une narration un soupçon paresseuse, mais ça c’est lié aussi à la volonté de détails et aux longueurs que j’évoquais précédemment.
Cela mis à part, Spacewalker reste très intéressant. D’une part car son histoire est très fidèle à un épisode peu connu de la conquête spatiale. Le film est très instructif et d’avoir le héros comme consultant a été forcément un très gros point positif pour nourrir le réalisme de l’ensemble. Histoire vraie, forte, personnages qui ont de l’épaisseur, le scénario a beau être linéaire, le film est indéniablement accrocheur car on se dit que tout est possible à moins de connaître déjà l’histoire. Difficile de décrocher pour cela, surtout la partie survival qui fonctionne très bien. Ce qui m’a aussi marqué c’est la dimension critique du film, qui n’est pas non plus qu’une ode patriotique et qui sait jeter un regard plus nuancé sur l’URSS et certaines de ses pratiques.
Le casting est très bon, mais ça c’est généralement récurrent dans le cinéma russe. De bons acteurs, en particulier le duo très complémentaire Khabenski-Mironov, lesquels campent deux personnages non moins complémentaires et attrayants. On sent l’écriture des deux héros, pas du tout lisse comme tant de personnages, et on sent là encore le rôle du consultant Léonov pour diriger l’écriture des rôles. On adhérera ou pas au radicalisme de Leonov, mais j’ai envie de dire que là est la réussite, car quelqu’un de tout à fait normal et consensuel n’aurait probablement pas fait ce voyage fou. A noter aussi, qu’en dépit d’une présence limitée, j’ai bien aimé le regard porté sur les épouses qui sont dans l’attente, et qui ne sont pas complétement oubliés dans ce film décidemment viril.
Visuellement c’est top. En dehors d’un petit loupé sur l’avion au début, les fx sont impressionnants, le réalisme est saisissant, la photographie sublime et cela, pour l’espace comme pour la partie terrestre. Les séquences sibériennes sont non moins superbes. Doté d’une mise en scène ample, généreuse, Spacewalker est vraiment un space-opera qui ravira les yeux sur un grand écran digne de ce nom. Cela, avec un budget en plus dérisoire par rapport à la concurrence américaine. La performance formelle est donc là et pour moi accentue totalement l’intérêt du métrage. La sortie dans l’espace est une réussite spectaculaire. La bande son est un peu moins mémorable, mais enfin, ça reste tout à fait satisfaisant.
En clair, si vous affectionnez le film spatial authentique, réaliste, quasi-documentaire mais pas dénué d’émotion, de suspens et de souffle, Spacewalker est indéniablement pour vous. Formellement impeccable, porté par un duo d’acteurs et des personnages très convaincants, le petit défaut du film restera sa propension à tirer en longueur sans forcément toujours le justifier et sa narration linéaire où tout est traité avec une égale importance, des petits détails aux éléments plus amples. 4