Ce documentaire nous permet d'entendre ceux que l'école, le collège, le lycée, l'institution scolaire et universitaire, ont fait souffrir. Le désir de reconnaissance inassouvi lorsqu'on est élève laisse des traces durables, des blessures non cicatrisables, sinon à prendre à revanche ailleurs, à faire sans l'école. Etre élève devrait être une entreprise qui "élève" justement. Combien d'enfants cassés, sadisés par le système scolaire ? Le catalogue des appréciations portées sur les bulletins est éloquent ! La distinction entre le travail produit et son auteur n'est que rarement explicite. Un travail raté ne fait pas de son auteur un raté. Ne pas produire le résultat des leçons apprises ne fait pas de celui qui n'a rien à répondre ou qui répond à côté un flemmard. Quand l'institution scolaire va-t-elle enfin valoriser le droit à l'erreur et affirmer que se tromper n'est pas fauter !! L'arrivée des élèves à besoins particuliers, les fameux "dys-" va contraindre à repenser les modalités d'enseignement. Il n'y a aucune nécessité à prétendre que seul l'élitisme serait égalitaire. Tout le monde ne peut prétendre à l'excellence, mais chacun doit pouvoir trouver sa place dans le système éducatif. L'hétérogénéité peut être enrichissante pour tous si elle ne se fonde pas sur le tri sélectif. Oui, si l'on vise une classe préparatoire ou une grande école, il faut être armé pour lutter, mais quel est le pourcentage d'élèves concerné ? Il ne s'agit pas de niveler par le bas, mais repenser ce qui contribue à l'appétence. La contrainte du corps est-elle la seule norme envisageable pour apprendre ? Comment outiller les enseignants à une tolérance bienveillante, qui ne renoncerait pas à un niveau d'exigence ? Ne peut-on penser ce qui empêche nombre d'élèves d'accéder au sens des apprentissages ? La passion du savoir, la pulsion épistémophilique ne saurait appartenir à l'élite. Et si la curiosité devenait le maître mot de l'école ? Les témoignages de ce documentaire sont éloquents. Tous respirent l'intelligence, chacun dans leur style, chacun dans leur domaine. Outre les paroles assassines, il est des phrases, qui marquent et ouvrent à une destinée prometteuse, parce qu'un adulte a su prodiguer les mots justes, reconnaitre une valeur, un potentiel, simplement faire crédit à l'enfant d'un devenir au lieu de s'en tenir à un constat de médiocrité.