Un grand vent de fraîcheur et d’originalité qui fait plus que plaisir concernant le genre du suspense et du film en huit clos, car pratiquement tout ce qui est mis en scène offre un moment qui accroche immédiatement l’attention, la qualité est au rendez-vous à tout les niveaux et le casting est reluisant. En effet, s’il faut commencer par un point assez efficace de ce film, c’est bien sûr la poignet de protagonistes rassemblés ici, qui est plus de présenter des personnages plutôt bien pensés, c’est aussi le casting qui le porte, de Jeff BRIDGES égal à lui même en passant par Dakota JOHNSON portant parfaitement sa part de mystère ou encore l’apparition assez savoureuse de Xavier DOLAN, avec un grand coup de chapeau a Chris HEMWORTH qui montre enfin son talent dans un rôle incroyable, faisant à la fois office d’un des nombreux climax du scénario et illustrant incroyablement bien ce que représente ce protagoniste, le tout mis en image dans une entrée en scène géniale. Néanmoins, la chose qui frappe le plus quand on se lance dans cette œuvre, c’est bien évidemment la singularité de sa mise en scène, qui commence par une technique de l’image plus que maîtrisée, alliant cela à une ambiance construite de façon très intelligente afin d’allier l’intrigue à l’atmosphère qui se dégage de l’ensemble de ce qui se passe à l’écran, une bande originale de haut vol, puis sans oublier un excellent montage, qui donne un rythme d’ensemble presque parfait, mêlant habilement thriller, action et huis-clos. Rien que l’introduction met tout de suite dans le bain, montrant d’emblée que ce film sera à la fois un grand moment de divertissement sans jamais délaisser la qualité de la mise en scène, on accroche complètement à ce qui est proposé dans son ensemble, étant très malin sur la manière de dévoiler des bribes de l’intrigue ou au contraire de se jouer toujours plus des fausse pistes, le scénario ayant la force de surprendre tant par ce qu’il raconte que par la forme que cela prend. Ainsi, l’époque à laquelle se déroule cette intrigue fait parti de ces exemples de technicité en ce qui concerne la structure même du film, amenant cela de manière toujours subtile, pour en faire soudainement un élément clé de l’histoire pour ensuite le destiner à un tout autre effet scénaristique, toujours lié à son époque, certes, mais qui lorgne vers d’autres enjeux, et sur ce genre d’effet, le film est une pure réussite, surtout que chaque personnage apporte sa pierre à cette belle et grande réunion improvisée, tant par son histoire que par son devenir dans cette même histoire, et les retournements de situation ou même d’ambiance est très habile, à l’image de cette incroyable scène chantée en guise de portrait d’introduction de l’un des personnages principaux, qui en plus d’être réussi visuellement, créer ce type de rupture plus que plaisantes. Malheureusement, cela ne parvient par à briller jusqu’au bout, car si l’ensemble se défend parfaitement, parvenant à ne pas concentrer l’attention et l’œil simplement sur le fond, offrant une forme de pur cinéma, le soufflé retombe de manière trop brute lors de la conclusion de l’intrigue principale, ne parvenant pas tout à conserver la même saveur d’originalité que avait baigné tout le film, car les derniers instants de l’œuvre sont plus que laborieux, se terminant de manière assez fade au regard de ce à quoi on vient d’assister, et ne parvenant aucunement à donner un vrai sens à ce qui se passe dans le dénouement, paraissant bien trop facile et un peu trop différent de ce qui avait été présenté jusque là. Il est donc difficile de rester complètement satisfait une fois arrivé au bout, gardant cette sensation de rester entre deux eaux pour ce qui est du scénario, surtout que chaque personnage avait été amené et justifié parfaitement jusque là, mais une fois tout assemblé, certaines failles transparaissent de façon trop flagrante, d’autant plus de l’ambiance si particulière qui avait mis en place ne réussi pas à sauver cette conclusion de bien trop basse qualité contrairement au reste de cette œuvre, après ce qui est rassurant au final, c’est que cela n’abîme en rien de travail technique qui a été mis en image dans ce film, c’est juste que le contraste est trop fort, et perd tout le sens acquis pourtant assez aisément en début de projection. Finalement, ce que prouve ici le réalisateur pour son second long métrage, c’est qu'en plus d'être un auteur de qualité, réalisant son propre scénario avec une vision intéressante, c'est surtout cette force de s’approprier, digérer et rendre visuellement de manière originale un genre, une ambiance et même un lien avec le temps, jouant habilement de son époque et de ses enjeux, et d’en offrir un vision non seulement singulière par l’image et la mise en scène, mais aussi par les ficelles du scénario dont le réalisateur dispose qui rivalisent d’originalité tant vis à vis des œuvres habituelles liées au genre des films chorales et aux multiples rebondissements qui y sont de mises, mais aussi vis à vis de ce film lui-même, se jouant de façon très maline des éléments d’intrigues présentés pour les retourner aussi brutalement que amenés à l’origine, et même si l’on est pas convaincu jusqu’au bout, il est clair que ce genre d’expérience fait plaisir, et que l’on redemande de ce genre de film plus souvent, car sortir des sentiers battus est souvent de bonne augure, même si le succès public ne l’est pas forcement.