Détruit par la pire des tragédies qu'un couple puisse rencontrer, le docteur en astronomie Isaac Bruno est devenu obsédé par l'idée de découvrir l'existence d'une exo-planète ayant toutes les conditions requises pour abriter la vie. Alors que la NASA s'apprête à lancer deux télescopes permettant à tous de participer à ce travail d'observation titanesque, Isaac ne peut se résoudre qu'un autre y parvienne avant lui et va même jusqu'à mettre sa vie professionnelle en danger afin d'arriver à ses fins. Mis au placard par la faculté où il enseigne, il décide de poursuivre les recherches de son côté et recrute pour l'aider une jeune femme, Clara, qui s'apprête à bouleverser son existence...
Dur de parler de "Clara" comme d'un mauvais film, il possède de vraies qualités qui l'empêchent d'être rangé de manière formelle dans cette catégorie mais, bon sang, que ce drame existentiel teinté de SF et de romance est d'un profond ennui pendant la majorité de sa durée ! De son sujet finalement assez proche d'un bouquin d'un Guillaume Musso ayant un peu trop regardé les étoiles sous LSD (bon, ok, c'est peut-être un peu méchant -pour le film- mais il faut bien avouer que c'est dans la même veine) aux ficelles archi-usées qu'il utilise, "Clara" est d'une banalité sans nom pour qui ayant un tant soit peu déjà goûté à ce genre d'histoire...
Le pire étant peut-être le procédé scénaristique le plus facile du film : le personnage même de Clara. Sans vous en rendre forcément compte, vous avez déjà croisé dans bon nombre de longs-métrages cette artiste/électron libre au grand coeur, ouverte à la spiritualité et se mettant entièrement au service du destin du héros même si elle est son exacte opposée sur le papier, c'est la "Manic Pixie Dream Girl" parfaite ! Un prototype de personnage féminin sortie de nulle part et n'ayant pour seul but que de guérir les blessures (souvent par voie amoureuse) de celui masculin afin de le remettre dans le droit chemin, Clara en est un tel prototype de la tête au coeur qu'elle en devient même presque une caricature de la caricature ! Au regard d'une révélation finale la concernant (c'est à peu près la seule chose qui la définit personnellement avec une rapide évocation de son passé), le film va même très loin sur ce plan, on en vient vraiment à se demander si elle n'avait pas autre chose de plus important à faire depuis le début plutôt que de s'occuper du sort de ce scientifique et de son travail avec lesquels elle n'avait a priori aucun atome crochu...
Mais bon, soit, acceptons le personnage et qu'après un rapide cours de détection d'exo-planètes pour les nuls, elle ait désormais toutes les compétences pour seconder un astronome tel qu'Isaac dans ses recherches. Que cela soit d'un point de vue romantique ou scientifique, "Clara" ne va faire que s'enliser dans des lieux communs à travers de longs bavardages existentiels déjà entendus ailleurs et ne servant qu'à ramener un peu plus Isaac vers des horizons plus sereins. Entre des obstacles dans les recherches à chaque fois très vite facilement balayés et la juxtaposition permanente des plans personnel et universel du miracle de la vie vis-àvis du héros, "Clara" épuise rapidement tous les contours de son propos et, pire, ne parvient que très rarement à en faire émaner de l'émotion malgré quelques fulgurances visuelles ou la qualité d'interprétation du duo Patrick J. Adams/Troian Bellisario.
Bizarrement, c'est lorsqu'un personnage à l'importance capitale disparaît de l'équation (en laissant toutefois son ombre planer sur les événements) que "Clara" devient enfin un minimum passionnant, comme libéré du poids des clichés sur lesquels le film s'est construit. L'axe choisi par la dernière partie offre ainsi quelque chose de fascinant à se mettre sous la dent (il faut bien reconnaître que ce type de développement SF attise toujours notre curiosité, surtout quand cela est bien dévoilé comme ici) et s'achève sur une note métaphysique certes un poil absconde mais véritablement poétique quant au but recherché laborieusement jusqu'alors par le long-métrage.
S'apparentant la plupart du temps à une compilation grossière de passages obligés typiques de ce genre de drame romantico-SF, "Clara" est donc majoritairement une déception ne parvenant presque jamais à trouver sa propre patte pour au moins donner un soupçon d'originalité à l'élaboration de son discours. Heureusement que son dernier acte sauve la mise en trouvant enfin une voie intéressante pour conclure le film, sans cela, "Clara" n'aurait été qu'une exo-planète insignifiante qui n'aurait même pas mérité que l'oeil d'un astronome amateur s'attarde dessus...