Arf... C'est compliqué.
D'un côté je m'en veux de ne pas accorder à ce film l'onction suprême alors qu'il a suffisamment de qualités pour.
D'un autre j'ai tout de même 2 ou 3 réserves qui ne tiennent à rien et qui m'empêchent de faire de Wolfwalkers un chef-d'œuvre.
Déjà, premier constat : c'est beau.
Je n'ai pas vu les autres films de Tomm Moore donc j'ai découvert son style à travers ce film, mais WOW, ça fait des lunes que je ne m'en suis plus autant pris plein les mirettes !
Chaque scène est prétexte à une nouvelle trouvaille visuelle, le film n'est jamais à court d'idées et entend bien nous proposer un spectacle formel à couper le souffle et c'est peu dire que ça m'a fait son petit effet...
Petit pourboire supplémentaire pour avoir eu l'idée géniale d'adopter des designs renvoyant aux tableaux du Moyen-âge, ça ajoute du charme à un film qui franchement n'en manquait déjà pas !
Enfin voilà ce qu'il en est, j'ai été totalement emballé par la démarche artistique et je suis complètement rentré dedans. Il faut dire aussi qu'au niveau de l'immersion le film est soutenu, en plus de l'animation sublime, d'une bande originale majoritairement tribale particulièrement qualitative et d'un concept singulier qui laisse libre cour à la créativité des auteurs. Cet univers peuplé de ces fameux wolfwalkers a de quoi intriguer lorsqu'il questionne le rapport à l'identité et à la dualité tout en s'engageant dans des démarches méditatives voire transcendantales pour accéder à son alter ego canin...
(...puis il faut quand même parler de la jouissance visuelle lorsque Robyn se transforme pour la première fois en louve ! Je vous ai dis que le film est beau ? Le film est beau)
Donc voilà. Wolfwalkers, c'est avant tout ÉNORMÉMENT de bonnes choses, et un vent de fraîcheur dans le paysage de l'animation à mettre à terre tous les Disney/Pixar et Ghibli récents. Mais si ce n'était que ça...
Car là on arrive à ce qui me frustre infiniment, et Dieu sair que je peux pardonner certaines ficelles un peu épaisses, là non.
Si ça n'aurait été la faute qu'à son histoire dans le fond assez banales malgré son univers fantastique entraînant, j'aurais laissé passer sans sourciller. L'histoire touche à l'essentiel et va droit au but, avec quelques apogées qui m'ont émus aux larmes. Mais revenons un instant sur le personnage du père de Robyn.
Autant je l'ai trouvé génial dans un premier temps, le personnage du père qui protège sa fille mais qui la met en danger en la protégeant et qui est un peu perdu alors qu'il ne veut que le bien de Robyn, autant son retournement de veste est franchement expédié.
Genre d'un coup ça lui tombe sur la tête et il se rend compte que les loups sont gentils et qu'il se révèle être un wolfwalker lui aussi à cause (ou plutôt grâce, car être un wolfwalker ça a l'air vachement cool) de la morsure qu'il a subit sur le bras, et qu'il décide de tout foutre en l'air pour aller vivre avec la meute et se taper la mère de Mebh ? Alors certes la mise en scène de sa transformation est orgasmique au plus haut point, mais reste que ça tombe un peu de nulle part (bien que techniquement il y a eu une préparation avant le payement, set-up/pay-off, fusil de Tchekhov et tout le margoulin, ce que je veux dire c'est que ça fait un peu deus ex machina tout ça et donc ce n'est pas très subtil...).
Et puis il faut me mettre à jour sur la perception des loups par les villageois.
On peut s'imaginer qu'à la mort du Messire tout le monde se met à percevoir les choses de manière différente, mais tout ce qu'on sait c'est que les loups ont chanté et que le type qu'on a vu tout le film se faire malmener (le personnage est génial soit dit en passant) dit à ses concitoyens que c'est la plus belle chose qu'ils peuvent entendre ou je ne sais quel tintouin. En soi c'est annonciateur de cette évolution des mentalités, mais ça n'en est pas l'AFFIRMATION, et donc je reste dans le doute. C'est vraiment dommage de ne pas avoir pris le risque de s'étendre sur 2 minutes supplémentaires pour mieux amener tout ça !
Mais quel drame ! Quel drame d'avoir un film qui frôlait à ce point la perfection et qui trébuche sur quelques grosses faiblesses d'écriture ! Je suis frustré car j'aurais aimé l'adorer davantage ce film. Je l'adore déjà, soyons honnêtes, mais il aurait pu titiller les sommets de l'animation s'il avait cette subtilité en plus qui est présente mais trop peu constante ! Après peut-être que ça vient de moi et que pour les spectateurs moins attentifs ce sera de l'or en barre sur sa totalité. Peut-être même que je vais finir par grandir et accepter cette issue finale, et remémorer Wolfwalkers comme l'un des sommets de l'animation mondiale, mais pour l'instant je suis dans le regret de rester sur ma faim. Rah, ça me saoule d'être exigeant !