Il est certaines questions que j’aurais mieux fait de ne jamais me poser. Ainsi, à celle de savoir ce que devenait Michaël Youn, devenu étrangement discret ces dernières années après avoir été aussi omniprésent que Kad Mérad, la réponse apportée par Wikipedia fut ‘Il a joué dans Christ(off)�. Aussitôt dit, aussitôt fait : on a regardé ‘Christ(off)...et on a découvert que Christ(off) n’était pas juste une comédie naze, comme il en sort tant en France : c’est une comédie qui provoque un réel sentiment de malaise quand on se confronte à la nullité de ses gags, et une forte gêne par procuration pour les acteurs obligés de se prêter à une séance d’humiliation collective aussi indigne. Qu’un truc pareil ait pu être tourné et, pire, qu’il soit sorti en salles sans que personne n’ait tiré la sonnette d’alarme et pris la mesure du désastre est proprement inexplicable : on ne va quand même pas me dire que tout le monde s’est dit qu’envoyer des curés en tournée sur les routes de France, et transformer Youn en émule de Jésus était une idée suffisamment formidable pour qu’on se sente dispensé de tout effort ultérieur ? Ou que le petit parfum de sacrilège en était une autre ? Franchement, qui pourrait encore s’émouvoir du fait qu’on se paye la tête - hyper gentiment en plus - de la religion catholique ? ‘Christ(off) est tellement peu blasphématoire que j’ai même brièvement pensé que le film avait du recevoir des fonds de l’Eglise dans une tentative vraiment pas convaincante de jouer la carte du cool. Pourtant, ceux qui ont imaginé le scénario font partie de la Bande à Fifi, qui signent d’habitude des comédies pas très finaudes mais qui ont le mérite de l’efficacité. Ici, les gags sont si bêtes qu’on parvient toujours à les prévoir à l’avance. Un simple exemple : un moine fait pipi sur une clôture électrique, tombe à la renverse, sonné, et comme il avait fort besoin d’uriner, se fait pipi dans la bouche. C’est de l’humour débile, on est d’accord mais quand Lacheau tourne la scène, elle devient tellement cartoonesque qu’on se marre, quitte à en avoir secrètement honte par après. Quand c’est quelqu’un d’autre qui s’en charge (Pierre Dudan qui ?)...hé bien, le gag redevient ce qu’il était à l’origine, un moment de malaise et d’humour navrant. Dans ma quête désespérée de trouver une explication à un naufrage d’une telle envergure, j’ai même pensé que le côté abominablement ringard de chaque élément du film était une sorte d’hommage conscient au pire des comédies de plage ploucs des années 70-80, celles des Philippe Clair et autre Max Pécas….mais bon, une telle explication ne tient pas, ne serait-ce que parce qu’il aurait fallu un petit indice pour mettre le spectateur sur la piste. Non, ‘Christ(off)’ est juste un exemple rare de comédie tellement ratée, tellement à côté de la plaque, tellement minable, qu’elle apporte une preuve que le nanard à la française, celui qui fait rire malgré lui, est loin d’être enterré !