(...) Aucun pathos dans cette histoire aussi dramatique qu'elle est simple, à l'image de la douce musique de Wasis Diop : Haroun préfère suggérer par des gestes, des remarques, des faits. Le beau plan fixe de la scène d'anniversaire est à la mesure de son regard : avec les lumières de la banlieue comme environnement à travers la baie vitrée, comme un balcon sur le monde, la famille recomposée improvise un vivre ensemble et reconstruit son humanité. Ici, pas de gros plans. Un plan d'ensemble au contraire, en plongée : la géographie de la relation, avec la distance nécessaire pour ne pas interférer.
C'est ainsi qu'aussi bien les administrations que les associations de soutien sont absentes du film, placées dans le hors-champ. Dans cette absence de mise en spectacle, nous ne verrons que des lettres officielles, une salle d'attente, un appartement prêté, des gestes d'accueil. C'est encore plus fort : au-delà de tout naturalisme, Une saison en France trouve la justesse d'une fiction centrée sur le ressenti de personnages confrontés à un implacable destin. Dès lors, le regard triste de Yacine et l'énergie irrépressible d'Asma, les enfants d'Abbas, trouvent leur force d'expression. Car ce sont eux qui sont marqués à vie par la cruauté du réel. Ce sera eux qui en écriront l'histoire, ce que fait déjà Yacine dans le film par son récit en voix-off. (...
Le titre du plus beau film de Mahamat-Saleh Haroun, Daratt (2006), signifie "saison sèche". Une saison, c'est le temps à la fois court et suffisant pour faire basculer une vie. Ici, c'est la France qui est sèche. Ce pays a perdu tout sens de l'accueil pour le remplacer par la crainte et le repli. Heureusement, des sourires existent encore, comme celui de Sandrine Bonnaire, qui savent prendre des risques et ouvrir à "des instants de bonheur qui donnent la force d'avancer", des instants partagés avec les indésirables. (Lire l'intégralité de la critique d'Olivier Barlet sur le site d'Africultures)