Il n’existe qu’une seule et unique façon de concevoir le Rape&revenge, et la voici : une fille est soumise et abusée, reprend le pouvoir, inverse le schéma de domination et tue ses assaillants, point barre. A la lueur des événements qui ont secoué Hollywood quelques mois après sa sortie, on peut dire que le timing de ‘Revenge’ fut involontairement parfait mais il ne faut pas non plus exagérer la portée féministe du film et du genre auquel il appartient : si on avait expliqué, dans les années 70, à Ruggero Deodato qu’il oeuvrait pour le féminisme avec ‘La maison au fond du parc�, il aurait probablement rétorqué un “Va fanculo� rigolard...et pourtant, les deux films reposent bien sur le même concept ! Le Rape&revenge est surtout du pur cinéma d’exploitation, malsain et ultra-violent, dont un des objectifs souterrains est clairement de terroriser l’inconscient collectif masculin, tout comme les films de cannibales avaient vocation à s’en prendre à l’inconscient collectif blanc et “civilisé�. D’ailleurs, à aucun moment, ‘Revenge’ ne prétend être autre chose que ce qu’il est puisqu’il ne faut pas trop s’inquiéter de la solidité du scénario : pas la peine de se demander comment la victime survit à une chute de cinquante mètres et à un empalement sur un vieux tronc, avant de se retrouver en pleine possession de ses moyens dès le lendemain pour traquer ses agresseurs. En ce qui concerne ces derniers, faire en sorte que l’un d’entre eux ressemble à un membre du service d’ordre de la NVA, et que l’autre ait la tronche de Cyrille Hanouna permet de s’assurer que le spectateur ne puisse vraiment avoir aucune sympathie pour eux. S’il se limite fatalement à un jeu de massacre méthodique et séquentiel de plus, on peut au moins savourer l’imagerie érotico-kitsch assumée de l’ensemble et sa violence décomplexée, qui hésite entre la viscéralité du giallo et les excès rigolards du gore. Coralie Fargeat filme bien, avec autant de goût que peut en supporter un produit de cet acabit, alors que les R&R sont d’ordinaire confiés à la lie des réal’ de DTDVD. Malgré le fait qu’elle soit sans doute la première femme à aborder ce genre sulfureux et hautement genré, ni dans le style ni dans le ton on ne décèle vraiment de touche personnelle, “féminine�, qui manifesterait une nette différence avec un produit réalisé par un homologue masculin. Enfin si, peut-être dans les prémices du drame : loin de correspondre à l’image de la victime innocente et virginale en vigueur dans les films de ce genre, Jennifer est dépeinte de façon très sexualisée, voire comme une allumeuse ingénue. L’apport de Coralie Fargeat serait dès lors d’affirmer haut et fort que non, même dans ces cas là, ce n’est pas une raison, messieurs...