En prenant comme point de départ l'observation bien réelle des "Lumières de Phoenix" par des centaines de témoins de la région le 13 mars 1997 (un OVNI constitué de points lumineux apparemment en vol stationnaire au-dessus de la ville, phénomène qui reste à ce jour inexpliqué même si la piste rationnelle de fusées éclairantes est privilégiée), "Phoenix Forgotten" construit toute une fiction autour de la disparition de trois adolescents en 1997 en plein désert alors qu'ils réalisaient un documentaire sur l'étrange apparition. Vingt ans plus tard, la soeur de l'un deux (l'OVNI a été filmé par son frère pendant la fête d'anniversaire de ses six ans) revient dans sa ville natale pour filmer à son tour son propre témoignage ainsi que celui de ses proches ou d'experts et tenter de découvrir de nouveaux indices sur ce qu'il a pu advenir de son grand frère...
Produit par Ridley Scott et les têtes pensantes derrière la saga "Le Labyrinthe", ce premier film de Justin Barber a pour originalité d'être un found footage se basant lui-même sur un found footage en son sein. L'histoire nous est donc racontée par une superposition entre la vidéo de la fameuse nuit, le documentaire du frère qui s'en est suivi et celui réalisé par sa soeur de nos jours, un procédé fonctionnant plutôt bien grâce à un travail de reconstitution très réussi sur le film censé dater de 1997 par opposition à la haute définition de notre époque et à une technicité plutôt habile qui voit se confondre totalement les véritables images d'archives à la pure fiction pour entretenir le doute.
À part cela, "Phoenix Forgotten" adopte une construction on ne peut plus classique de found footage en concentrant tout d'abord les deux tiers de sa durée sur les témoignages des familles brisées par ces disparitions ou ceux d'experts partagés entre toutes les hypothèses, le tout entrecoupé par les cassettes du documentaire réalisé par le frère.
Comme dans tous les films de ce sous-genre de l'épouvante, cette grande partie sera là pour faire marcher notre imagination devant le passage en revue de toutes les théories possibles et nous attacher émotionnellement aux protagonistes principaux avant de les malmener dans un dernier tiers qui fera grimper la jauge d'intensité à son niveau maximum. Bien que le film nage en terrain connu, l'accent mis sur l'hypothèse alien attise forcément notre curiosité et les personnages sont suffisamment forts et bien interprétés pour susciter notre empathie quant à leur sort (on notera aussi, en plus d'une inévitable à "Alien", une très chouette référence au "Contact" de Robert Zemeckis, à la portée insoupçonnée).
Le souci c'est qu'avec sa dernière partie, "Phoenix Forgotten" va zapper en cours de route le parallèle frère/soeur qui faisait sa force en abandonnant complètement le point de vue de cette dernière pour se concentrer sur celui de son frère, bien entendu plus intriguant, mais qui, au final, ne fera passer celui de la soeur que pour un simple accessoire narratif artificiel nous ayant conduit à découvrir la vérité (il aurait peut-être fallu revenir sur elle le temps des toutes dernières minutes pour ne pas laisser cette impression, dommage).
Quant au contenu en lui-même de cette dernière partie bien plus riche en action, son approche réaliste des événements auxquels seront confrontés les personnages jouera à la fois pour et contre lui : "pour" grâce aux manifestations physiques (dans tous les sens du terme) des phénomènes et "contre" à cause d'une finalité très attendue dans un cadre qui n'en dévoile pas assez pour transcender son manque flagrant de surprise.
La caméra tombe une fois de plus à terre pour nous signifier que ce nouveau found footage est terminé et nous laisse avec le sentiment que, sans être déplaisant, "Phoenix Forgotten" est déjà presque oublié, comme son titre l'indique, à cause d'une construction trop typique (et désormais trop connu) du found footage que la dernière partie en demi-teinte ne parvient hélas pas à rattraper.