La vie de Marie Curie, cette génial cheffe de rayon, est un roman passionnant qui inspire les cinéastes depuis le très académique Madame Curie de Mervyn LeRoy (1943) dont l'actrice principale, Greer Garson, ressemblait beaucoup à la Marie Skłodowska nouvelle de Radioactive, également britannique, Rosamund Pike. Oui, tout le monde parle en anglais dans le biopic de Marjane Satrapi, production internationale oblige, et la pilule a tout de même du mal à passer. Pour le reste, le ton est à l'hagiographie un brin convenue, nonobstant des intrépides sauts dans le temps, après la mort de Marie Curie, pour montrer que les plus belles découvertes scientifiques peuvent aussi déboucher sur des utilisations dévoyées et tragiques pour l'humanité. Vu la quantité de choses à raconter sur la vie de cette femme illustre, le film ne peut que survoler les événements et si tout y est, ou presque, il peine finalement à montrer la véritable Marie Curie, hormis pour son statut d'icône féministe, qui est bien entendu davantage une lecture actuelle que de l'époque où elle vécut, bien que, à la décharge de Radioactive, l'inimitié qu'elle suscita en tant que "voleuse" d'hommes et étrangère est relativement bien illustrée. Depuis qu'elle a délaissé le cinéma d'animation, Marjane Satrapi a du mal à convaincre, notamment dans ce dernier film où le mélange de réalisme sage, de reconstitution figée d'époque, de fantaisie et de discours politique s'avère un peu difficile à digérer quoique le spectacle, dans son ensemble, ne soit pas désagréable. Pour autant, ceux qui connaissent mal cette héroïne apprendront davantage en consultant sa notice dans Wikipédia.