Le film de la polonaise Agnieszka Holland est librement inspiré de la découverte par le journaliste britannique Gareth Jones de la famine ukrainienne (1932-1933) : l'Holodomor.
Il est surtout question du ”duel” entre deux journalistes que tout oppose. Nous avons droit à la marche de G. Jones, en Ukraine (1933) , ”entre la misère et la mort” de cette région que le ”petit père des peuples” (Staline) a réduite à la famille.
G.Jones va vouloir dénoncer que sous la propagande communiste, le régime soviétique est en train d’affamer l’Ukraine et de commettre un véritable génocide.
D’avoir voulu révéler au monde ce qui se passait en Ukraine, G. Jones le paiera de sa vie en étant assassiné à la veille de ses 30 ans.
Garth Jones est l’opposé du personnage machiavélique Walter Duranty, correspondant à Moscou du prestigieux New York Times, de 1922 à 1936, que ses innombrables vices (véreux, partouzeur, opiomane) rendent plus que corruptible et surtout pas regardant sur les droits de l’homme dès lors qu’il s’agit de faire du business.
En accord avec la propagande de Moscou, celui-ci ira jusqu’à nier l'existence d'une famine généralisée dans la région. "Les Russes ont faim mais ne sont pas affamés" titra-t-il dans une réplique, le 31 mars 1933, expliquant que le taux élevé de mortalité était dû à des maladies liées à la malnutrition, et que seule l'Ukraine était concernée par ce problème d'approvisionnement. "Les observateurs russes et étrangers n'ont aucune raison de croire à une catastrophe humanitaire" osa t’il écrire. Il fut pourtant lauréat du prestigieux Prix Pulitzer en 1932 ! La fin de vie de Walter Duranty, mort à 73 ans sera confortable et tranquille. Il s'éteindra le 3 octobre 1957 à Orlando, en Floride sans jamais avoir vu son prix Pulitzer retiré.
Il faudra attendre 1990 pour que, dans un édito, le New York Times dénonce les mensonges de Walter Duranty, son correspondant à Moscou.
Le film n’est pas exempt de défauts (quel est le film qui n’en aurait vraiment aucun ?...), il y a des longueurs, des plans dispensables, des ralentis, puis des accélérations, des idées scénaristiques discutables, une interprétation que certains ont jugé insipide, d'autres au contraire très juste, une photographie singulière qui peut plaire comme déplaire tout autant, etc. etc.
Toutefois ce film a le mérite, d’une part, de rappeler ce génocide que les historiens connaissent mais que le gros du public ignore. D’autre part, il est un hommage à Gareth Jones qui en était plus que digne.
De ce fait, cette réalisation mérite, à mon goût, d’être plus saluée que descendue.