Massacré de toutes parts, j'avoue être très loin de ce déferlement. Certes, tout n'est pas parfait : les personnages sont assez stéréotypés, on peut parfois discuter de la construction narrative, notamment au début, où l'intégration des flashbacks paraît quelque peu bancale. Reste que même si je n'ai pas eu l'impression d'en apprendre beaucoup plus sur le conflit, voire ces femmes toutes plus courageuses les unes que les autres, prêtes à tous les sacrifices pour se battre face à ce fléau qu'est Daesh a quelque chose de fort, d'intense, que ce soit à travers leur quotidien, les chants, la menace constante et souvent invisible... Surtout, Eva Husson montre une réelle maîtrise de l'image, des plans, du moins lorsqu'il s'agit de filmer ces combattantes au plus près du réel, les échanges entre les deux héroïnes, cette violence, cette souffrance qui pourtant jamais ne vient remettre un seul instant en cause leur foi pour leur combat. C'est un peu plus compliqué pour les scènes d'action, manquant d'ampleur et pas toujours très contrôlées, cela n'empêche nullement la pertinence de l'entreprise, ni d'être admiratif de cette lutte infernale, présentée de façon relativement claire par le récit et ses enjeux, les décors très réalistes amenant également une certaine authenticité. Alors même si les protagonistes manquent un peu de chair, que le dénouement est
vraiment « too much »
et que l'on aurait aimé avoir un éclairage plus approfondi, plus « politique » du sujet, je trouve que ça se prend, d'autant que si Emmanuelle Bercot est impeccable, elle ne peut faire de l'ombre à la magnifique Golshifteh Farahani, d'une sobriété, d'une intensité comme toujours exemplaire : un diamant brut. Rien de nouveau, peut-être, mais un vibrant hommage à des femmes qui, assurément, le méritent plus que tout.