Kombissiri est né de la rencontre d’un trio de baroudeurs : René Letzgus, exploitant de salles alsacien et réalisateur de documentaires, François Orsat, président de l’association Vélos pour le Faso qui convoie des vélos et tandems au Burkina et Gérard Muller. Tous trois alsaciens et fortement engagés dans des causes humanitaires et solidaires. Leur rencontre, au-delà de l’amitié, les mena naturellement vers la réalisation d’un documentaire.
A l’origine, la caméra devait suivre les tribulations de Gérard Muller au Burkina Faso, principalement dans la ville de Kombissiri, ville éponyme où œuvre l’association de François Orsat. La vocation première du documentaire était de filmer Gérard Muller, parti à la rencontre des aveugles du Burkina fortement touchés par la misère et l’isolement social. Au cours des repérages, ils rencontreront Oumar un petit garçon aveugle qui modifiera l’écriture du projet. Parti à Kombissiri pour combattre l’isolement social, Gérard se trouvera alors embarqué dans une nouvelle aventure humaine : orchestrer, avec la complicité d’une petite école française, l’opération d’Oumar à l’hôpital des Quinze-Vingts à Paris. Tout au long de son voyage, animé par la conviction que son histoire peut servir à tous, il n’aura de cesse de multiplier les rencontres, d’engager des actions et d’œuvrer pour la "vélothérapie".
L'acteur engagé Philippe Torreton est le narrateur de Kombissiri. Ce n'est la première fois que l'indémodable Capitaine Conan se prête à l'exercice puisqu'il était la voix off de Homo Sapiens (2005), Le jeu de la mort (2009), L'Art d'aimer (2011) ou encore Tous Cobayes ? (2012).
La "vélothérapie", nous dit la voix de Philippe Torreton dans le film, "c’est se remettre en selle quelle que soit l’adversité, c’est reprendre à coups de pédale, le cours de la vie...", c’est ce qui a sauvé Gérard du noir, ce sont les amis qui, un jour, ont débarqué avec un tandem parce que la vie n’était pas finie: elle était juste à réinventer.
Le documentaire-fiction Kombissiri a été présenté à la 69ème édition du Festival de Cannes dans la sélection "Cannes cinéphiles".
Le réalisateur René Letzgus n'est pas le seul Strasbourgeois lié à Kombissiri puisque le non-voyant président de l'association Yvoir Gérard Muller, qui a animé des ateliers de locomotion pour les aveugles au Burkina Faso, y tient lui aussi une place importante. Une partie de l'histoire se tient aussi à Strasbourg et à Mutzig, où les élèves d'une école primaire se sont mobilisés pour récolter des fonds.
"Les croyances populaires et religieuses impactent fortement la vie de la plupart des africains. Ainsi dès la naissance, l’enfant handicapé est considéré comme une malédiction. Malédiction pour la famille tout entière et pour la mère particulièrement, souvent accusée d’avoir le mauvais œil ou d’avoir eu affaire avec le diable. Le rejet dont est victime l’enfant pousse très souvent les mères à des actes malheureux. Les mères les plus fragiles, vivant souvent elles-mêmes dans des situations de grande précarité, se voient dans l’obligation d’abandonner leurs enfants, les vouant ainsi à un sort terrible. Et quand elles trouvent la force de fuir avec leur enfant, si elles n’ont pas la chance de croiser le chemin d’une association caritative, il leur faut alors affronter une vie de paria, condamnées à vivre en marge de la société."
"A l’heure où la France se dote d’une loi sur l’accessibilité, le Burkina Faso offre peu de possibilités de socialisation pour les personnes handicapées. L’accès à l’école est très difficile voire totalement impossible tout comme l’accès à l’information et les transports en commun peu adaptés compliquent considérablement tous les actes de la vie quotidienne. Les enfants handicapés tout comme les adultes sont donc voués toute leur vie à la dépendance. Les membres de la famille dont ils dépendent les considèrent peu, les maltraitent et les rendent souvent responsables des malheurs de la famille."