Après avoir retrouvé un semblant de crédit à mes yeux avec « Le Grand Partage », Alexandra Leclère le piétine allègrement en signant « Garde alternée », l'une des pires comédies qu'il m'ait été donné de voir ces dernières années. Pourtant, cette idée de voir deux femmes se « partager » l'homme qu'elles aiment une semaine sur deux, je la trouvais sympa. Comme quoi, il y a parfois un gouffre entre un projet et sa concrétisation. Très rapidement, je me suis rendu compte à quel point ce point de départ était quasiment intenable tant il est peu crédible et n'a finalement rien de si drôle, surtout avec une réalisatrice aussi pachydermique derrière la caméra. On sent, à de rares moments, des pistes pouvant susciter un semblant d'intérêt face à cette situation inhabituelle, que Leclère s'efforce constamment de saboter par l'indescriptible lourdeur de son humour et surtout une ahurissante vulgarité. Et que j'accumule les dialogues outranciers, les scènes de sexe tapageuses et hystériques, les caricatures effrayantes (les homosexuels apprécieront)... Le tout en enchaînant des situations totalement invraisemblables
(la scène des quinze ans de mariage en tête, où PER-SON-NE n'a l'air choqué de ce qui se déroule devant leurs yeux (alors qu'on est juste en train d'humilier une femme en direct), pourtant l'une des moins mauvaises du film car au moins a t-elle la pêche)
, que ce soit l'apathie terrifiante de Didier Bourdon ou le comportement des deux « amoureuses », où il faut parfois s'accrocher pour observer un semblant de cohérence, notamment chez Valérie Bonneton (déchaînée, rarement pour le meilleur), les voir se battre pour un homme aussi transparent ne faisant qu'accentuer l'aberration d'une histoire qui l'était déjà pas mal. Et puis il faut qu'on s'arrête deux seconds sur le cas Isabelle Carré : certes, l'actrice n'a rien perdu de son talent et permet d'éviter une souffrance encore plus grande. N'empêche, voir l'une de nos meilleures comédiennes mettre autant de volonté à détruire sa carrière et accessoirement sa dignité a quelque chose d'assez triste, pour ne pas dire désespérant. Reste le plaisir (pervers) de savoir comment ce sinistre spectacle va finir, mais même là, Leclère décide de botter en toucher en signant une conclusion à l'image du reste : consternante et grossière. En sommes-nous réduits à de telles inepties en France pour espérer faire rire un public parfois peu exigeant ? J'espère sincèrement que non. À fuir !