Les dernières semaines dans la vie de Danton et son affrontement avec Robespierre qui souhaite l'écarter du pouvoir. Beaucoup de discussions politisées, dans un style théatral, pompeux et avec un manque indéniable de lyrisme (que cela soit dans les discours ou lors de la scène finale sur l'échafaud). En voulant passer un message comparant la situation révolutionnaire de 1793 à celle de la Pologne du début des années 80 Andrzej Wajda n'hésite pas à modifier quelque peu la vérité et à montrer Danton uniquement sous un côté positif et ses adversaires comme des esprits sanguinaires et totalitaires. A réserver à ceux qui aiment beaucoup l'histoire (j'en fais partie mais là je n'ai pas été conquis, ni par le jeu, ni par les dialogues)..ou aux fans de Depardieu à l'époque où il vivait ses personnages.
La révolution française mise en parallèle avec l'actualité brûlante en Pologne à la même époque, forcément, ça dérange. Wajda avait reçu l'aval des élites de gauche pour produire le film (il a d'ailleurs été projeté au Président Mitterand avant sa sortie) mais le résultat final n'a pas été à la hauteur des "attentes" (le Président quittera rapidement la salle à peine le générique lancé). En effet, Wajda dresse un portrait peu reluisant de Robespierre, le défenseur jusqu'au boutiste de la Révolution, et il ose quelques anachronismes ou raccourcis qui ne brossent pas dans le sens du poil. Au final, Wajda fait du cinéma, du pur et dur, tout en adaptant une pièce de théâtre. Le texte est d'ailleurs magnifique, avec un Depardieu au sommet, bien entouré par plusieurs 2nds rôles fabuleux. Reconstitution viscérale, ambiance parano, magnifique évocation de deux philosophies qui s'affrontent, jusqu'au bout. Du très grand cinéma donc, qui remue et provoque, avec une dernière 1/2 heure de folie. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com
Caricatural ! Depardieu fait du Depardieu, comme toujours et pollue l'histoire. Fastidieux et sans intérêt, très loin derrière "la révolution française " de Robert Enrico . Un petit film à oublier.
Danton représente autant un compromis politique qu'il en est un lui-même. Réalisé par une icône polonaise du cinéma, Andrzej Wajda, à une époque où le communisme était présent dans la conscience populaire tout en restant l'apanage d'un orient désidéalisé, il place Depardieu en figure de proue d'un navire dont personne n'a pu réaliser le tirant d'eau. C'est cette profondeur qui devra à l'œuvre sa renommée, et c'est à elle toujours que l'on doit de pouvoir lire aujourd'hui des phrases au doux tintement fédérateur comme ce titre d'une critique du film : « le meilleur film produit par la France sur sa Révolution ».
Depardieu ne fait pas un aussi bon orateur que Gabin dans Le Président, mais j'ai de nouveau l'impression qu'il connaît le vrai départ qualitatif de sa carrière. Sans doute la production en fait-elle trop à vouloir ne mettre que des acteurs polonais dans le camp de Robespierre, et que des français dans l'autre, car c'est bien entendu entre ces derniers que les arguments sont lancés (ils sont les morceaux de premier choix au sein de dialogues autrement denses mais pas géniaux, ni dans l'allure, ni dans la reconstitution) et l'intérêt des joutes oratoires est quelque peu usé par un doublage très symptômatique des années chauvines (à savoir mauvais).
Finalement, Danton offre une belle représentation de l'an 2, sachant bien trouver les moyens de refaire le vieux Paris quand il ne dépeint pas la claustrophilie un peu crasseuse de l'administration en ces temps immémoriaux. Mais cette dernière est aussi responsable d'un fort arrière-goût théâtral, contre lequel les gros plans et les quelques micro-travellings sont impuissants, et qui ne laisse pas une très bonne impression, un sentiment de proximité trop grande avec le monde réel, celui qui fait semblant. Cela semble confirmer que la performance du texte et des acteurs sont les ingrédients à retenir, mais les deux, comme on l'a vu, sont imparfaits.
Réalisé en 1983 par le cinéaste polonais Andrzej Wajda, ce film s'intéresse autant voire plus à la figure de Robespierre – présenté dans toute son humanité et sa complexité – qu'à celle de Danton, pourtant superbement incarné par un Depardieu qui finit par perdre sa voix à force d'hurler pour se défendre. Ce long-métrage très politique dissèque avec force les excès de la Terreur en montrant les travers d'un gouvernement qui, en prétendant incarner un peuple et un idéal largement fantasmé dans sa pureté, finit par créer un système uniquement destiné à sa propre survie, incapable de supporter la moindre contradiction et épaulé par un service de police féroce. Les rouages d'un procès bidon sont ainsi superbement exposés. Évidemment, en choisissant d'évoquer cette période de l'histoire française, Wajda évoque d'abord et surtout la Pologne d'alors et les dictatures communistes qui multiplient les faux procès et bannissent toute forme d'opposition. Fort, intelligent et efficace.
Si "Danton" est vendu comme un biopic il est avant tout pour Wajda un superbe moyen de dénoncer la situation politique en Pologne d'alors par un parallèle intelligent mais peu subtil. "Danton" est donc un hors sujet à la fois judicieux et maladroit, tout dépend de quel point de vue on se place. La rivalité Danton-Robespierre est mené comme le parallèle de la rivalité Walesa-Jaruzelski. De ce point de vue le film est une réussite de propagande assez éblouissante ! Mais au final les amateurs et fans d'Histoire peuvent s'en mordre les doigts car "Danton" n'est pas un Biopic digne de son personnage principal.
"Danton" vaut pour l'excellente prestation de Gérard Depardieu incarnant Georges Danton (le premier ayant quelques points communs avec le second) et pour la restitution fidèle de Paris entre novembre 1793 (le retour de Danton à Paris) et avril 1794 (la liquidation par le Comité des Indulgents) lors de l'apogée de la Grande Terreur (fidélité des décors, des problématiques des Parisiens, des discours et des stratégies des différents acteurs politiques). Andrzej Wajda parvient aussi à créer une ambiance pesante et tragique (par exemple, les visages blêmes des membres du Comité du Salut Public) , réussissant brillamment à captiver le spectateur sur l'angle choisi pour traiter cette période (le duel Robespierre / Danton). Le film vaut autant pour la retranscription fidèle des discours (celui de Robespierre devant la Convention et celui de Danton au procès) que dans l'imagination de certains discours (celui de la rencontre Danton / Robespierre après le 15 mars est une scène d'anthologie). Reste bien sûr qu'on ne peut que regretter (mais comprendre) que Wajda fasse le choix d'ignorer certains évènements importants pour comprendre l'exécution de Danton et de ses camarades par le Comité (la liquidation des Hébertistes pensant l'hiver 1793-1794) ou des raccourcis (le duel Danton/Robespierre ne se déclenche qu'après la liquidation des Hébertistes et pas dès novembre 1793). De même, la place de certains acteurs sont négligés (Demoulin bien mal incarné par Patrice Chéreau, bien trop théâtral, l'une ses seules fausse note d'un casting impeccable à l'image de Roger Planchon en Fouquier Tinville). D'autre part, de façon moins caricatural que "La Révolution Française" (film de 1989) certes, le parti-pris pour Danton (en oubliant certains aspects de sa personnalité) est quelque peu agaçant même si la complexité de Robespierre (campé par le très bon acteur polonais Pszoniak) est assez bien rendu (un homme conscient des conséquences de chacun de ses actes ; la scène final sur la lecture par l'enfant des articles de la DDHC a un Robespierre alité qui semble, par la mise en scène, comprendre que la Révolution fait fausse route, témoigne de ce parti-pris, même si, cinématographiquement, cette scène est grandiose). Au final, "Danton" est sans doute le meilleur film sur la Révolution.
Je ne connaissais pas le cinéma d’Andrzej Wajda avant ce Danton, et voir qu’il figure en tête du classement allociné des films du réalisateur n’est pas là pour m’encourager à poursuivre la découverte de ses réalisations. Le principal défaut de ce film se situe dans l’absence d’humanisation des personnages de Wajda qui ne se content d’être que des noms de personnages de manuel d’Histoire, ou des caricatures d’eux-mêmes : un Desmoulins à fleur de peau, un Robespierre froid, et un Danton truculent et beau parleur à l’image de Depardieu qui l’interprète et cabotine plus que de raison. Ajoutez à cela une mise en scène assez fade et trop théâtrale et les 2H15 semblent s’éterniser.
"Nous voulons le triomphe de la démocratie, mais pas à n'importe quel prix" dit Robespierre Un film sombre sur la Révolution française. Malgré tout il faut être connaisseur pour apprécier la portée historique de l'événement car les joutes sont nombreuses et les échanges touffus. On apprécie cependant la remarquable interprétation de Depardieu, époustouflant, et l'ambiance de Paris en cette fin des années 1800.
Grand film politique et visionnaire(dans le sens avec une vision)qui vous prend comme une fièvre et ne vous lâche plus.Depardieu,comme toujours,extra-ordinaire.
Qui d'autre que Depardieu pouvait interpréter de manière aussi exalté l un des personnages les plus intrigant de l histoire de France à savoir Georges Danton. Car si j ai trouvé le film remarquable c est principalement pour l interprétation démentielle du monstre Depardieu qui colle parfaitement à l'idée que je me fait d'un des pères de la révolution. Il est partout dévore l écran et les autres personnages qu il écrase de sa présence et de son verbe. Le film se concentre sur une courte période de son retour de son exode campagnard à sa condamnation à mort le film établit un parallèle entre toutes les grandes révolutions qui semblent remplacer une dictature par une autre. Le film aurait gagné à être peut être moins glorifiant sur Danton alors que Robespierre passe pour un fou furieux incontrôlable alors que de mon point de vue ce qui est le plus effrayant chez ce dernier C est son côté froid et calculateur . Il n empêche j ai adoré ce film une nouvelle fois pour l interprétation de Depardieu que je classerai dans ses plus grandes réussites au côtés des Uranus, Cyrano ou 1492.
Voir Gérard Depardieu dans le rôle de Danton, c'est replonger avec bonheur dans cette période féconde où l'acteur presque à l'acmé de son talent avait encore soif d'étendre son horizon cinématographique. Ce n'est pas un hasard si la Gaumont appuyée par le ministre de la Culture de François Mitterrand nouvellement élu, choisit de confier ce projet ambitieux au réalisateur polonais Andrzej Wajda alors qu'on aurait logiquement attendu un cinéaste français pour évoquer cet événement même s'il est devenu depuis longtemps universel. Wajda tout juste récompensé à Cannes pour son film militant "L'homme de fer" (1981) et membre actif du syndicat Solidarnosc s'est imposé comme celui qui pouvait le mieux en cette fin de siècle transmettre au spectateur la fièvre révolutionnaire. Ce d'autant plus qu'une de ses compatriotes, Stanislawa Przybyszewska passionnée par la Révolution française et obsédée par la réhabilitation de Robespierre avait écrit en 1929 une pièce de théâtre, "L'affaire Danton" jouée au même moment à Paris par Gérard Depardieu dans le rôle-titre. Tout semblait donc couler de source. Le casting sera mixte, habilement réparti par Wajda entre acteurs polonais pour les partisans de Robespierre et acteurs français pour les partisans de Danton afin de favoriser l'harmonie de jeu et limiter les problèmes de doublage. Au-delà de l'épisode choisi du retour de Danton à Paris après sa retraite à Arcis-sur-Aube pour, avec l'appui de la Convention, mettre fin à la Terreur, Wajda et Jean-Claude Carrière exposent l'impasse dans laquelle aboutit rapidement toute révolution. Une impasse menaçant de la faire basculer dans une dictature qui trouve toujours sa justification dans l'atteinte aux idéaux par les contre-révolutionnaires que la paranoïa ambiante du moment débusque à chaque coin de rue. Pendant le tournage du film, le général Jaruzelski interdit le syndicat Solidarnosc et fait arrêter ses principaux dirigeants. Beaucoup penseront que les quelques arrangements de "Danton" avec l'histoire de la Révolution Française étaient une volonté du réalisateur afin de parler de la souffrance de son pays et dénoncer l’utopie communiste. Certains iront même jusqu’à penser que le Danton du film pouvait être le reflet de Lech Walesa et Robespierre celui du général Jaruzelski. Jean-Claude Carrère affirme que cette tentation bien légitime a été vite contenue avec l’accord du réalisateur pour conserver au film, dans le temps, la dimension universelle que lui confèrent les évènements symbolisés par le 14 juillet 1789. C’est bien ce qui domine trente ans après la sortie du film selon la vision prophétique de Carrière . Sur le plan formel, Wajda aidé d’Igor Luther à la photographie et de Jean Prodromidès à la composition musicale s’est évertué à traduire au mieux l’état de tension permanente généré par le retournement d’un système politique via le processus révolutionnaire. Objet de toutes les convoitises de ceux toujours prompts à récupérer un pouvoir à terre, la Révolution hésite parfois et presque toujours finit par marcher en aveugle. Les partis pris esthétiques du réalisateur polonais traduisent donc parfaitement l’angoisse propre à ce moment convulsif forcément transitoire difficile à saisir. Les acteurs tous transportés y ont trouvé un support formidable qui au-delà des costumes d’époque leur a permis de trouver le ton juste. Si Depardieu seul sur l’affiche promotionnelle semble de prime abord écraser le film de sa présence animale c’est la prestation hallucinée du grand acteur polonais Wojciek Pszoniak qui fascine, campant un Robespierre visiblement conscient et effrayé des conséquences de chacune de ses décisions, devenu le commandant d’un navire qu’il ne maîtrise plus. « Danton » n’est sans doute pas le film exhaustif et didactique sur la Révolution comme le sera celui de Robert Enrico plus officiel en deux parties qui viendra commémorer le bicentenaire de 1989, mais opéra tragique et magnifique sur la difficulté des hommes à se chercher un destin commun, il résonne encore puissamment alors que nos sociétés occidentales vacillent pour s’être coupablement endormies sur l’héritage de cette grande Révolution et des guerres qui l‘ont suivie.
Un grand film historique avec du très grand Depardieu au sommet de son talent. Une ambiance particulière avec un jeu hyper théâtralisé et une musique étrange qui installe un climat inquiétant . Des décors,des costumes, un bon travail de documentation et d'interprétation historique, une durée généreuse, des acteurs fascinants. Avec le film de Robert Enrico de 89, le Danton d'Andrzej Wajda est un des meilleurs films historiques sur la révolution Française.
Sans doute le meilleur film sur la Révolution d’un point de vue cinématographique. Wajda retranscrit à merveille l’ambiance pesante et crasse de la Terreur, où la moindre dénonciation, le moindre soupçon peut conduire à l’échafaud. Le choix de centrer le film sur le duel entre Danton et Robespierre est à mon sens une bonne idée, s’agissant à ce moment-là des deux personnages les plus charismatiques de la Révolution. Leur opposition absolue, tant sur les idées que sur la personnalité, permet à Depardieu et Pszoniak d’offrir un superbe numéro d’acteur. La scène du dîner entre les deux hommes est ainsi un des sommets du film, tout comme les discours de Danton devant le Tribunal Révolutionnaire ou celui de Robespierre devant la Convention. Depardieu est comme souvent prodigieux, dans ce rôle qui lui va comme un gant, lui permettant de tonitruer et cabotiner à sa guise. Face à lui, Pszoniak est également remarquable, tout en froideur, retenue, le feu sous la glace personnifié. A travers ces deux personnages, c’est les deux visions de toute Révolution que souligne Wajda. Les principes jusqu’au fanatisme ou le réalisme pragmatique, voire corrompu, qui bien souvent finissent par se détruire l’un l’autre. Le seul reproche qu’on peut faire au film est de plier quelque peu la réalité historique pour servir son propos (on nous présente l’affrontement de Danton « le gentil » contre Robespierre « le méchant », ce qui est bien sûr très réducteur). Mais encore une fois, cela semblait indispensable pour donner toute sa force au message. En bref, un grand film politique, très pessimiste du début à la fin, et qui n’a pas besoin d’en faire trop pour être compris (la scène finale où Robespierre réalise que la Révolution a échoué est grandiose). A voir au moins une fois.