Visiblement écrit comme un rôle à oscar pour Matthew McConaughey et comme un miroir réflexif de l’attitude ambivalente de Harmony Korine vis-à-vis de la célébrité et de la reconnaissance, ‘The beach bum’ a eu une carrière si discrète qu’il est totalement passé inaperçu, privant la star du véhicule espéré et n'arrangent rien au problème d’image perso du réalisateur. Avec son cabotinage nonchalant de rigueur, McConaughey y incarne Moondog, synthèse de Bukowski et Brautigan, écrivain millionnaire flemmard, hédoniste allumé et véritable clochard céleste, qui dérive de villa luxueuse en bar miteux, à la recherche de l’inspiration et du sens, mais plus probablement d’une femme, d’un joint et d’une bouteille. D’ordinaire, j’apprécie les comédies stoner, qui ne s’embarrassent pas trop de structure et de sérieux puisqu’elles évoluent au gré des péripéties défoncées du sujet…mais celle-ci n’assume pas tout à fait d’en être une. Elle a quelque chose à dire, quelque chose qui tient désespérément à coeur à Korine, quelque chose comme la démonstration qu’on peut crouler sous les honneurs sans avoir besoin de vendre son âme, vivre dans un palais et rester un sagouin impossible à sortir en société, oser le geste punk en se foutant de la bien-pensance. J’espère vraiment que cet ego-trip qui ne dit pas son nom lui aura permis de prendre son pied parce que ‘The beach bum’ n’est vraiment pas passionnant Il aligne les rencontres barrées, ménage quelques moments surréalistes…mais tout semble un peu forcé, la crainte de passer pour une vulgaire blague de salle gosse finit par l’emporter et le résultat ne part jamais totalement en vrille, alors que ça lui aurait fait le plus grand bien. Ni incisif ni malaisant, le regard porté sur l’envers d’une réussite à l’américaine est finalement désespérément neutre, malgré la présence de Snoop Dogg, qui se livre à un véritable concours de coolitude désinvolte avec McConaughey.. Quitte à apprécier un grand film de loose assumée, autant revoir ‘The Big Lebowski’ ou ‘Barfly’.