Originalité, voici ce qui me vient à l’esprit quand je pense à « Dans la brume ».
Originalité par son format, son esthétique et son scénario.
Le format : très court, 1h30 ça devient rare et on est gré à Daniel Roby de s’arrêter au bon moment, car il évite des longueurs qui auraient été inévitables vu le film s’il avait dû durer 30 minutes de plus. Ici rien n’est superflu et il n’y a pas de remplissage.
L’esthétique : Paris dans la brume rend bien, visuellement c’est saisissant et inédit. De plus Daniel Roby joue parfaitement sur le contraste agréable d’un temps radieux
(une fois sur les hauteurs de Paris)
et une brume
(au sol et dans les étages)
suffocante et anxiogène dans laquelle le spectateur a du mal, comme les acteurs, à se repérer. Dommage qu’il n’est pas plus joué sur le côté angoissant de ce danger inhabituel
(la brume ne monte quasiment pas, or la faire progresser à mesure du film aurait créé une tension bien plus grande)
c’est d’ailleurs ce qui manque au film, il aurait pu être très angoissant mais jamais Daniel Roby ne parvient à créer une tension ou un malaise intenses alors qu’il a tous les éléments pour, certains éléments scénaristiques n’étant pas toujours bien exploités.
Le scénario justement : original car encrant à un point précis les protagonistes
(l’appartement de la famille de Romain Duris)
face à un danger immobile. Ce contraste il faut fuir mais on doit rester est le sel du film. Intelligent tout comme le parti pris de faire passer la catastrophe au second plan, pour petit à petit nous amener vers un drame tellement humain. Souvent on se demande ce que l’on ferait à la place des acteurs et ce d’autant plus que le film se veut assez réaliste (ici pas de zombies ou de mutants dû à la brume).
Drame humain porté par 5 acteurs très justes et tous attachants
(mention au couple âgé, semblant un peu inutile au début et devenant tellement émouvant au fil de l’avancée de l’histoire et qui débouche sur un moment très touchant comme le cinéma ne nous en donne plus tant que ça)
qui avec l’originalité constituent l’autre grand point fort du film, on a de l’empathie tout au long du film.
Enfin il y les paris pris par Daniel Roby, risqués, mais payants à chaque fois
(laisser le spectateur, comme les personnages, dans l’ignorance totale de ce qui se passe du début à la fin. Avoir une histoire qui au final n’avance pas les protagonistes étant au même point au début et à la fin du film)
, avec notamment une fin qui pourra rebuter certaines personnes mais qui peut être interprétées de bien des façons et qui mine de rien arrive brusquement
(d’où la frustration qu’elle peut provoquer d’autant plus qu’elle soulève un tas de questions sans répondre à aucune de celles que l’on se pose durant le film)
, fin pour moi particulièrement réussie.
Jusqu’ici le tableau semble quasi parfait, dommage que 2 gros points négatifs viennent ternir le tableau : tout d’abord cette musique, plutôt réussie, mais omniprésente qui empêche la tension de monter au lieu de laisser un silence de mort s’abattre, regrettable d'autant que le film est peu bavard. Pourquoi ne pas utiliser le silence comme élément majeur du film, ce qui rendrait l'ambiance de ce dernier bien plus inconfortable. Ensuite et surtout, justement cette incapacité à créer une tension à couper au couteau, tous les éléments y sont pourtant, mais jamais le spectateur ne va se retrouver à agripper son siège, jamais il ne quittera vraiment le confort de sa salle de ciné, pour ressentir un stress. Tellement regrettable.
Pour autant ne boudons pas notre plaisir, « Dans la brume » est plutôt réussi, original avec des prises de risque et de bons acteurs, il détonne dans le cinéma français et rien que pour ça il vaut le coup.