Ne m’attendant pas à ce type de film, j’avais été fortement irrité par « Split ». Ce n’est que cette fois-ci bien prévenu et avec beaucoup de bienveillance que j’ai malgré tout attaqué « Glass », lui donnant sa chance encouragé uniquement par le bon souvenir que m’avait laissé l’original « Incassable ». Malheureusement rien n’y fait, les vieux démons de son prédécesseur ont rapidement ressurgi, j’ai été envahi par le même ennui, la même exaspération, la même envie pressante que ce film finisse au plus vite. Déjà pour commencer d’où sort cette affreuse actrice incarnant la psychologue qui non seulement ne sait pas du tout jouer mais zozotte désagréablement en plus, ou bien celle qui a pour rôle la mère d’Elijah (Samuel L. Jackson) dépourvue de toute émotion et qui fait de son mieux pour simplement éviter un regard caméra ? James Mcavoy lui, prend un réel plaisir à nous faire son casting, nous dévoiler son talent de jeu d’acteur en basculant de personnalité en personnalité, comme il le faisait dans « Split » mais avec une performance en plus cette fois-ci, celle de pouvoir faire des transitions rapides entre l’une et l’autre. Il se délecte aussi de nous montrer ses tous nouveaux muscles dont il est fier, et sortir, gonfler ses veines avec les grimaces les plus effrayantes qu’il sache faire, encore heureux qu’il n’ait pas subi d’anévrisme pendant le tournage. C’est peut-être impressionnant, bien joué, mais c’est surtout inutile à la longue, jusqu’à en être barbant même. Ne parlons même pas d’Anya Taylor-joy qui a hérité du rôle de la maîtresse de King Kong. Le pire ce n’est pas le jeu d’acteurs, non, ce n’est pas ce qui énerve le plus dans ce film, c’est surtout son lot impressionnant d’incohérences et de clichés qui existent dans une histoire déjà moyennement intéressante et mal maîtrisée :
Entre l’hôpital non sécurisé pendant qu’il abrite les dangereux super-héros, son staff déjà en sous effectif et en plus totalement incompétent, stupide et négligent, les chambres des patients tellement vulnérables, avec des lacunes évidentes pour n’importe qui, Mr Glass qui sort avec une aisance improbable de sa cellule puis se ballade dans l’hôpital comme il veut incognito, Incassable tellement fort, surhumain quand il se bat contre la bête mais complètement impuissant quand un seul agent est en train de le tuer en le noyant dans une flaque d’eau avec son bras (ça me fait rire rien qu’à l’écrire tellement c’est insensé), la psychiatre qui prend la peine de venir parler à chacun juste avant de mourir pour leur -nous- expliquer ses motivations, ah oui la meilleure c’est quand elle dit à la mère d’Elijah « excusez-moi Madame, j’ai à parler à votre fils » pendant qu’il est en train de suffoquer, que cette dernière s’exécute parfaitement en s’éloignant calmement puis reviens pour le voir mourir sans broncher (ça aussi ça m’a fait rire), la fameuse organisation secrète qui se regroupe en tenue de soirée dans un grand restaurant où tout le monde va se taire en même temps de son brouhaha pour écouter un discours comme des petits chiots attentifs, et enfin, j’ai gardé le meileur pour la fin, le sommum du ridicule avec les 8 membres des forces de l’ordre venus en extrême urgence pour arrêter les deux monstres surpuissants en essayant de les maîtriser armés simplement....de boucliers en plexiglass,
ça en fait vraiment trop, et dire que tout ça n’est que la majeure partie de la liste ! Pour couronner le tout, la réalisation n’est pas digne d’un film du genre, elle est tout juste moyenne, ne savant ni mettre de l’intensité dans l’action, ni surprendre ni suffisamment se rapprocher de l’effet visuel des comics, ce qui est déplorable vu le thème du film et les moyens techniques actuels. Une fin très bien pensée viendra compléter cet affreuse performance, mais elle sera très insuffisante à elle seule pour sauver cette succession de débacles. « Incassable » était un film très original pour son époque, et très bien réalisé, il pouvait se suffire à lui même et ne demandait pas forcément de suite, pas aussi médiocres en tous cas. La nostalgie ne suffit pas pour s’émouvoir de retrouver les mêmes acteurs 20 ans plus tard (Bruce Willis, Spencer Treat Clark...), il faut quand même de la matière et un minimum d’intelligence que « Glass » -et « Split » au passage- est très loin d’avoir. Pas besoin de chercher la petite bête pour trouver des grossières lacunes à ce film, on ne peut donc n’être que de glace devant un scénario aussi fragile, et une réalisation aussi monotone et dépourvue d’originalité.