Made In China est un projet que Frédéric Chau a en tête depuis très longtemps. Les producteurs Florian Genetet-Morel et Sandra Karim, qui avaient vu le premier long métrage de Julien Abraham, La Cité rose (2013), lui ont demandé s'il était intéressé pour co-écrire et réaliser le film. Le cinéaste se rappelle : "Quand je suis arrivé sur le projet, cela faisait déjà un an et demi que Frédéric Chau et Kamel Guemra avaient commencé à écrire le film. J’écris toujours mes films de cette façon, à plusieurs. C’était intéressant parce que Kamel Guemra avait des histoires à raconter sur la double identité qui n’étaient pas les mêmes que celles de Frédéric Chau, et pourtant, il y avait des points de convergence. C’est ce qui nous a permis d’acquérir une certaine finesse dans l’écriture et de casser les clichés."
L’une des raisons ayant poussé Julien Abraham à accepter de travailler sur Made In China est liée à son envie de faire du cinéma montrant des héros et des héroïnes que l’on ne voit pas habituellement. Il confie : "C’est l’objet de tous mes films, y compris de Mon frère, qui sort également dans le courant de cette année. Dans La Cité rose, je faisais tomber un certain nombre de clichés sur les jeunes de quartier. C’est aussi ce qui a incité Frédéric Chau à me proposer de réaliser le film : il voulait en faire de même avec la communauté asiatique."
Pour les besoins de Made In China, Julien Abraham a passé trois ans dans le quartier de Tobiac, dans le 13ème arrondissement : un an et demi d’écriture, six mois de préparation, deux mois de tournage et six mois de post-production. "Je connaissais le quartier, j’y avais mes coins préférés. J’avais aussi voyagé en Asie du Sud- Est, au Laos, au Vietnam et au Cambodge, le pays dont est originaire la famille de François, le personnage principal. Le projet a donc attisé ma curiosité personnelle : j’avais envie de découvrir cette communauté que je ne connaissais que partiellement", se souvient le cinéaste.
Avec Made In China, Julien Abraham retrouve Steve Tran, qui avait joué dans La Cité rose. Frédéric Chau donne quant à lui à nouveau la réplique à son partenaire de Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? et sa suite, Medi Sadoun.
Julien Abraham voulait que le personnage de François appartienne au milieu parisien, un peu bobo, pour sortir de l’image stéréotypée des Asiatiques. Il précise : "Cela ne veut pas dire que les autres, qu’ils soient restaurateurs ou livreurs, n’existent pas. C’est vrai que le reste de sa famille exerce des métiers plus attendus, comme son riche cousin qui a des restaurants, interprété par Steve Tran. Mais nous avions à coeur de décrire la complexité de ce personnage, qui est un chef d’entreprise original, qui se distingue par ses chemises colorées."
Le 13ème arrondissement de Paris est un quartier très cinématographique qui a permis à Julien Abraham d’exploiter ce qu'il aime dans le cinéma asiatique, notamment au niveau de l'éclairage néon. "Dans les scènes que l’on a tournées en extérieur dans le 13ème, on retrouve cette image très colorée. Souvent, dans les films, il y a une couleur qui prédomine dans la lumière : dans celui-ci, c’est le rouge, particulièrement présent dans la scène du mariage, en effet", note le réalisateur.
Pour les scènes en chinois, Julien Abraham et son équipe avaient une traductrice à leur disposition, notamment pour les scènes d’improvisation. Le réalisateur se rappelle : "Elle est venue ensuite au montage car le monteur ne parlait pas la langue non plus. Il me semblait important qu’il y ait ces parties en chinois, pour donner corps à l’existence de cette communauté où souvent, les grands-parents et les parents parlent dans leur langue. C’est une vraie richesse."
Made In China a pour particularité d'être un film français comprenant beaucoup d'acteurs asiatiques dans son casting. Julien Abraham est ami avec Steve Tran, qui l'a aidé. Frédéric Chau, quant à lui, connaît aussi beaucoup d'acteurs asiatiques à Paris. Le metteur en scène explique :
"C’est un métier compliqué pour les acteurs d’origine asiatique, parce qu’on leur propose très peu de rôles. La preuve, c’est quand on parle d’acteurs asiatiques connus, à part Frédéric Chau… Au casting, je me suis quand même rendu compte qu’il n’y a pas énormément d’acteurs asiatiques professionnels. Pour la grand-mère, par exemple, nous n’avons pas réussi à avoir trente comédiennes : nous en avons fait venir deux ou trois. Quand on ne trouve pas, on se voit obligé de lancer des castings sauvages sur les réseaux sociaux, ce que l’on a fait avec le personnage du petit frère de François (le seul acteur non professionnel du film)."