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kingbee49
39 abonnés
610 critiques
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3,5
Publiée le 14 décembre 2017
Ce nouveau film de Depardon est une bouleversante déflagration d'humanité ou la folie fait face à la justice. Dans un dispositif de champ contre champ ou rien n"échappe à la caméra du grand photographe, les patients se succèdent et leurs histoires, édifiantes, cruelles ou simplement délirantes embrassent un sentiment de malaise et de pitié. Seul bémol: la musique d'Alexandre Desplat ABSOLUMENT pas nécessaire. Sans musique, le film aurait été aussi fort sinon plus.
Reprenant son dispositif de captation d’entretiens en plans fixes mis en place dans les années 90 avec Délits flagrants, Raymond Depardon pose ici sa caméra au centre hospitalier Le Vinatier, un hôpital psychiatrique de la métropole lyonnaise. À travers une série de 10 confrontations entre des personnes hospitalisées sans consentement et un juge des libertés et de la détention, Depardon offre un regard rare et précieux sur des personnes atteintes de troubles psychiatriques. Une superbe réflexion sur notre relation collective et individuelle à la folie, sur la gestion de la privation de liberté dans nos sociétés contemporaines, et un incroyable portrait de femmes et d’hommes qui dévoilent leur part brute d’humanité. Saisissant.
12 jours c’est un délai; depuis septembre 2013, les patients internés sous contrainte (donc à la demande d’un tiers) peuvent avant ce terme, passer en audience devant un juge, lequel se rend dans l’HP concerné et écoute librement le patient et son avocat. Cela pour décider si l’internement doit se poursuivre avec pour soutien le dossier médical.
Ce sera principalement ces scènes d’entretiens qui vont constituer le film; deux caméras posées, sobres, sans mouvement; en pudeur, à la Depardon : il connait bien l’exercice de l’audience depuis “Délits flagrants” (94) puis “10e chambre…” (03).
Le démarrage du film dit beaucoup de la façon de Depardon, un lent, très lent (à coté Tarkovski c’est une Ferrari !) travelling avant de nous fait pénétrer dans l’institut, en lenteur et en douceur. Quelques faibles sons directs émaillent cette entrée; Depardon arrive -et nous avec- sur la pointe de la pointe des pieds.
Donc nous croisons quelques malades face à 5 juges différents, tous attentifs et à l’écoute. Quelques réparties des patients nous feront rire et puis sur d’autres -presque sur tous- percent leur douleur, leur égarement…
Depardon nous sort de la salle d’entretiens pour de brefs moments et nous montre qui: une autre patiente qui déambule dans les couloirs se parlant toute seule, qui: un autre à faire 101 pas dans un bout de terrasse en tirant sur une cigarette, quoi: un lit sur lequel on voit très bien les sangles de contention.
La caméra toujours posée, tranquille, douce. Une belle composition d’Alexandre Desplat accompagne les extérieurs.
Et puis, Depardon sort et nous montre le brouillard, c’est la fin du film, et il semble nous dire que ces gens sont encore pour beaucoup dans le brouillard -perdus d’eux-mêmes- le plan fixe est noyé de ce brouillard, il y a là aussi, dans le cadre un panneau ralentisseur/dos d’âne, nous signifiant qu’ils sont face à un obstacle. Il reste néanmoins rassurant de voir qu’à travers nos instituts de santé (ici l’hôpital Le Vinatier à Bron, région lyonnaise) l’état, le pays; nous ! puissions prendre soin de quelques uns de nos plus faibles. Merci Mr Depardon.
Intéressant. Manque un peu de sujet, profondeur, analyse, mais reste très bien.
Depardon fait je crois peu ou pas de commentaire dans ses documentaires. Il nous donne ce qu'il y a à voir et nous laisse seul face aux images.
Le choix des audiences qu'il nous montre est terne, personne n'a rien à dire. Je n'ai pas envie de rester, les papiers sont en règle vous allez rester. Ca manque de vie, d'opposition, de contraste.
Mais c'est peut être fait exprès, depardon a pu ressentir cela et vouloir le représenter. Montrer à quel point cet acte qui devrait être un acte passionné puisqu'il en va de la vie d'un homme, est au fond purement administratif, rigide et dépassé (il faut que le patient exprime son souhait, Que tout soit bien consigné, que l'on respecte bien la loi, mais ce qui est décrit est souvent ignoble : qui a envie qu'on lui dise en face à face qu'il a des problèmes psychologique? Qu il doit être interné, avec x personnes qui acquiescent médecin, avocat, juge, greffier et que sais je encore. Il y a de l'humiliation des petites gens dans cette mascarade de justice, mais c est cette même mascarade qui protège d'abus.
De plus on voit une fois de plus, qu'au fond la justice est humaine avec cette juge qui n'arrive pas à expliquer le mot collège de psychologues, qui s'enferme dans le mot en voulant l'expliquer.
Je trouve les séquences d'introduction (couloirs vides) et de clôture du film (rues vides) bien trop longues mais vu que c'est les extrêmes et que cette impression ne se répète pas durant le cœur du film, c'est tout à fait acceptable.
Comme à son habitude, techniquement le film est impeccable. J'ai juste eu l impression que le sujet était moins porteur que d'habitude.
Très ému par cette succession de patients, hospitalisés contre leur gré en hôpital psychiatrique, comparaissant devant un juge démuni, tenu par les avis médicaux et servant de caution à la prolongation de leur "incarcération", assistés d'avocats résignés, ne connaissant que trop les limites de leur intervention. Histoires de viols, d'abandon, de meurtre ("Pour la petite histoire (sic), dit une juge, il a tué son père"), d'échecs, de harcèlement, de misère humaine et sociale, c'est toute notre humanité qui s'étale lors de ces audiences. La musique d'Alexandre Desplat est envoûtante, et la brume qui enveloppe les rues et bâtiments renvoie à celle qui voile ces cerveaux humains, trop humains.
Une réalité dérangeante... Ces patients shootés au médocs et brisés par leurs vies sont entendus, mais le juge n'est qu'un artéfact, il n'a aucun pouvoir réel de décision... La femme qui est harcelée au travail sans être cru par les médecins, et qui a été attaché brutalement lors de son arrivée à l'hôpital m'a particulièrement touchée... Une prise de conscience et une révolution doivent être faite dans la recherche psychiatrique...
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18 103 critiques
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4,5
Publiée le 14 décembre 2020
Depuis l'entrée en vigueur d'une nouvelle loi en France en 2013 tout patient qui se présente dans un hôpital psychiatrique contre son gré doit avoir une audience avec un juge dans les 12 jours pour que le juge détermine si le patient doit continuer dans l'établissement ou doit être libéré. S'il est décidé de maintenir le patient à l'hôpital tous les 6 mois une nouvelle audience a lieu. Ce documentaire puissant montre une coupe d'audiences de patients et de leurs avocats et les juges. Entre les deux il y a la question du vrai sens de la liberté et de ce que ces patients attendent pour leur avenir. C'est douloureux et inconfortable de voir un être humain perdre l'un de nos plus grands dons la conscience. La musique originale d'Alexander Desplat ajoute de la tendresse et de l'émotion à ce documentaire et à certains moments il semble impossible de retenir ses larmes principalement lorsqu'une patiente consciente de la nécessité de rester à l'hôpital et de poursuivre le traitement demande à voir sa fille même en visite assistée car elle est consciente de son état et qu'elle n'est pas capable de s'occuper de sa fille toute seule...
Un documentaire fort et un sujet délicat ,on va à la rencontre de ces âmes fracturées . On se rend compte de la difficulté des décisions qui doivent être prises par les médecins et les juges . Par contre je rejoins certaines critiques concernant les plans fixes et les couloirs vides, j'aurai aimé le film un peu plus "vivant".
Comme toujours Depardon ausculte notre humanité, sans juger, sans intervenir, presque en catimini. Comme toujours c'est superbe, lintelligent et profondément humaniste. Un grand film.
En limitant son documentaire aux entretiens entre les malades et les juges, Raymond Depardon offre une vision très parcellaire de l'enfermement psychiatrique. Qui plus est, les quelques plans des couloirs des hôpitaux accentuent le côté sinistre du lieu. Pourtant, il n'est qu'à entendre certaines paroles des malades pour comprendre la nécessité de leur hospitalisation. Certains ont des troubles très importants, mais d'autres semblent pouvoir rebondir: dommage qu'on ne les retrouve pas quelques mois après. Cela aurait peut-être permis de mieux apprécier combien leur passage à l'hôpital, au-delà de la souffrance que peut engendrer un enfermement contraint, peut finalement s'avérer bénéfique. Je reste un peu sur ma faim devant ce film pourtant pas inintéressant.
Au vue du film il apparait que les personnes hospitalisés le sont a bon escient .Ce film est un plaidoyer pour l'institution psychatrique ,il n'y a pas de cas douteux et les malades mentaux en libertée sont plus nombreux qu'on le croit agression gratuite surtout verbale avec menaces de passage à l'acte simplement les personnes qui pratiquent cela sont plus intelligentes que les patients vus dans ce documentaire .On peut parler de degenerescence mentale de la société francaise liés a des facteurs de stress de toute sortes apres cela on parle de temperament latin
Ce documentaire a le mérite d'exister ... Etant concernée pour avoir signé a plusieurs reprise une HDT ( hospitalisation à la demande d'un tiers( devenue SPDT soins psychiatriques à la demande d'un tiers) ) pour un proche, je souhaitais savoir comment se déroulait l'entretien entre le patient et le juge. Il ressort de ces séquences un sentiment de malaise. Pour moi, cette loi qui impose la décision d'un juge au bout de 12 jours d'hospitalisation sans consentement est un peu une hypocrisie car tout semble joué d'avance. Le juge ne peut que suivre l'avis des médecins qui suivent le patient. Cet entretien doit stresser le malade et lui laisser l'impression qu'on le prend pour un imbécile en lui faisant croire qu'on lui demande son avis. Beaucoup de temps et d'énergie perdus. les juges sont surchargés les médecins et le avocats aussi. Les patients n'ont surement pas envie d'étaler leur souffrance devant ces personnes. Je ne suis vraiment pas convaincue de l'utilité de cette loi. L'argent dépensé serait mieux employé pour améliorer la prise en charge des malades hospitalisés en psychiatrie, secteur qui voit les dotations de l'état baisser chaque année entrainant des suppressions de postes et des fermetures de lits
Sur le moment, on trouve quelques longueurs dans les plans, très lents, qui observent le vide de la vie à l'hôpital. On observe les audiences, les malades, avocats, magistrats, des scènes souvent surréalistes, des malades en détresse... Je pensais qu'on allait m'expliquer, que j'allais apprendre un fonctionnement, mais j'ai rencontré des gens, touché du doigt leur souffrance, capté leurs regards, leurs tremblements.... Et quand la lumière s'est allumée, j'ai compris que je venais de partager leurs émotions. Ce film m'a vraiment touchée, venez cueillir un morceau d'humanité !