James Franco est un grand dingo et sa filmographie très éclectique -pour ne pas dire qui part dans tous les sens- le reflète bien. Si l'année 2017 restera comme celle de l'un de ses plus gros succès en tant que réalisateur avec "The Disaster Artist" pour lequel il a lui-même reçu le Golden Globe du meilleur acteur, il y avait pourtant, la même année, un autre long-métrage co-dirigé, produit et interprété par le comédien, "The Institute", que tout le monde semble plus ou moins avoir volontairement oublié.
"Co-dirigé" car "The Institute" a été réalisé à quatre mains par Franco avec Pamela Romanowsky (dont il avait déjà produit le pas très bon premier film "The Adderall Diaries")... Enfin, on sera bien tenté de dire "à quatre pieds" tant le film se révèle d'une indigence visuelle qui l'envoie instantanément dans la case DTV sans la moindre ambition. Réfléchir au fait qu'il y ait fallu deux personnes pour une telle pauvreté de mise en scène et une direction artistique proche du néant engendre déjà une très forte envie d'internement volontaire chez le spectateur. Ça tombe bien d'ailleurs car c'est justement le sujet au coeur de cet "Institute".
Et un sujet très riche en plus ! Inspiré d'un véritable fait divers sordide s'étant déroulé dans l'institut Rosewood de Baltimore, "The Institute" nous envoie en 1893 au côté d'Isabel Porter, une jeune femme bouleversée par la mort de ses parents et admise dans ce fameux institut plus proche en apparence d'un spa pour la gente féminine de la haute société. Bien entendu, il se trame quelque chose de très louche dans les expérimentations aux finalités sinistres (et réelles en partie) menées par le corps médical de l'établissement. Il est difficile de ne pas parler du film sans en dévoiler la teneur (ou les véritables faits) mais sachez juste que l'histoire brasse tout de même bon nombre de thématiques assez passionnantes, notamment la place des femmes dans la haute société de l'époque dominée totalement par les hommes où toute velléité d'indépendance et de fort caractère semble être considérée comme une maladie à éradiquer par tous les moyens. Mais, en en appelant directement à Edgar Allan Poe pour s'inscrire dans la droite lignée de la force des récits sur la folie humaine de l'écrivain, "The Institute" se ridiculise presque tout seul, incapable de retrouver ne serait-ce qu'un instant un soupçon de son intelligence d'écriture (non, ajouter un serviteur bossu et retardé à toute cette affaire n'est pas la solution pour ça !). Poussif et ennuyeux comme une journée de pluie d'un mois de novembre de 1893, le film n'a quasiment pas de rythme et se perd en cours de route entre des facilités déconcertantes (toutes les portes de l'institut semblent restées mystérieusement ouvertes la nuit pour que l'héroïne -aussi naïve qu'un verger de poiriers- voit les choses les plus bizarres possibles, histoire de faire avancer le schmilblick) et une enquête extérieure pas forcément indispensable. La deuxième partie sera un peu plus captivante de par ses révélations mais s'embarrassera de fioritures inutiles (le fantasme autour de l'occultisme de cette période, le fait divers était bien suffisamment glauque en soi pour nous épargner ça) et s'achèvera sur un twist final d'une bêtise dévastatrice pour toute personne ayant encore une ou deux neurones en fonction.
Enfin, soulignons le casting ne délivrant aucune prestation mémorable mais tellement incroyable par son hétérogénéité qu'il ressemble à un cabinet de curiosités de l'époque. Imaginez un peu : une héroïne interprétée par une inconnue qui le restera sans doute (Allie Gallerani) accompagnée de James Franco, Josh Duhamel, Tim Blake Nelson, Topher Grace, Eric Roberts et même... Pamela Anderson.
Passant complètement à côté d'un sujet en or, "The Institute" se regarde plutôt comme un ratage assez fascinant dont on se demande comment tous ses participants ont pu tenir la barre jusqu'au bout sans se rendre compte que le film ne fonctionnait que très rarement.