Plus acteur que scénariste ou réalisateur, Max Minghella entame sa nouvelle carrière derrière la caméra avec méfiance. Ce sera sans surprise un film balisé de bout en bout, avec des fossés scénaristiques qui ne peuvent remonter son moral, ni le nôtre. Mais là où on se laisse surprendre, c’est sur la performance de l’actrice vedette, montant de plus en plus en puissance, en succédant différents registres dramatiques. Elle Fanning est bien celle qui relève un peu le niveau, malgré les tentatives de mises en scène loupées du réalisateur. Cependant, elle ne parviendra pas totalement à s’extirper de son cocon, ou le temps d’une performance surcutée pour bien en juger. L’ensemble n’est qu’une dispersion de maladresse technique, notamment due au faible scénario, qui n’aspire pas à la créativité. Au lieu de cela, tout sonne comme un énième teenage movie oubliable.
Au milieu d’une ville perdue, une fille perdue rencontre un vieil ivrogne perdu. Mais elle a du talent en chant, alors la suite, on la connaît. Violet est inconsolable sans son iPod qui lui procure ces instants d’évasion que la vie lui prive. Même la scène locale n’est pas tendre avec elle, parce qu’il n’y a qu’elle. Certains diront le dilemme de l’adolescence et d’autres évoqueront l’exploitation lambda d’un teenage movie. Il y aura une part de vérité dans chaque, mais tout vire rapidement dans les clichés du télé-crochet qui guide notre héroïne. On cherche sans cesse à interroger sa conscience, mais les réponses sont trop facilement données et manquent de subtilité dans leur exploitation. Elle se cherche une identité dans la musique moderne, mais la compétition est intrinsèquement subtilisée par le système de vote, que l’on pourrait croire aléatoire, car le talent ne se justifie pas apparemment. Or, si on ne la confronte pas directement à ses adversaires directes, sur scène, il y a peu de chances de craindre pour son ascension. L’empathie est donc absente de notre jugement et nous suivons naïvement ce récit, manquant de personnalité et de caractère.
Vraiment dommage à débriefer, alors que la jeune comédienne enchaîne les performances scéniques, aussi bien sur le plan d’acting et de chant. Lorsqu’elle finit par baisser sa garde, la belle fille la fait transpirer et hésiter n’est plus aussi lucide qu’il le faudrait alors qu’elle avait les cartes en main. Humble jusqu’à cette fatalité, il faudra une réconciliation avec un mentor qu’on ne présente plus. Lui recherche à renouer avec sa fille et elle cherche un soutien paternel. Tout est dit de ce côté. Pourtant, niveau esthétique, il y a une certaine noirceur qui se dégage de l’écran. Et si cela ne rattrape en rien le reste et que le conflit social entre les classes ressemble à un cocktail de mauvais goût, il serait possible de pardonner par l’engagement technique, mais encore une fois superficiel.
Si la relation de confiance entre le fraîchement réalisateur et la prodigieuse Elle Fanning pouvait intriguer, les craintes confirme le fait que « Teen Spirit » n’est qu’un produit sans identité, à notre grand regret. Fanning porte tout dans l’intrigue ou le cadre, elle occupe les pensées de chaque protagoniste, car elle finit par s’imposer par innocence et sans émouvoir son public qui n’est jamais montré, c’est-à-dire nous autres spectateurs. Impossible pour nous de se consoler, ni avec la musique pop qui en découle, ni avec les motivations du personnage, pour qui la victoire devient plus qu’in combat intérieur.