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traversay1
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4,0
Publiée le 20 janvier 2018
Adrienn Pal, Le cheval de Turin, Le grand cahier, White God, Le fils de Saul, Roues libres, Corps et âme, La lune de Jupiter ... Le cinéma hongrois est l'un des plus remarquables d'Europe. La juste route, qui évoque par certains côtés Un petit carrousel de fête, merveille des années 50, s'impose d'emblée par son sublime noir et blanc et sa mise en scène inspirée, parfois aux frontières du maniérisme. C'est une sorte de western qui s'annonce en ce jour de mariage dans un petit village quand deux inconnus débarquent à la gare avec de lourdes malles. Leur lent cheminement, en ce jour d'août 1945, va raviver la culpabilité collective d'une communauté qui a des fautes à expier durant la guerre qui vient à peine de s'achever. Le film aurait pu être victime d'une certaine austérité narrative, il est au contraire de plus en plus passionnant à mesure que des éléments du passé se révèlent. En quelques heures seulement, en respectant les trois unités de la tragédie classique, La juste route frappe par la manière calme et digne dont il évoque la Shoah et le thème de la spoliation des juifs, comme un contrepoint à l'admirable Fils de Saul. Sans forcer le trait, avec douceur parfois et ironie, en usant d'une symbolique très forte dans ses dernières images.
J'ai été frappé par la qualité de l'image avant tout, les contrastes blanc et noir et les cadrages. Mettre la camera sous la carriole en contre plongée vers le ciel, j'ai adoré. Et ceci du début à la fin, sans jamais insister. La musique est discrète, souvent sobrement entêtante. A plusieurs moment elle est synchrone avec les sabots du cheval de la carriole. Pour le scenario, je n'ai rien vu venir, assez imprévisible, tout se passe le même jour. La simple venue d'un couple père-fils bouleverse un village en quelques heures et rappelle à chacun les pires moments d'un récent passé. L'ambiance créée, avec cette tension qui monte crescendo, laisse présager à tout moment un règlement de compte imminent. Quand le film s'achève, la parenthèse se ferme. La facilité apparente avec laquelle le film est réalisé laisse coi. Tout est dans la bonne mesure et à tout les niveaux. Formé à la télévision pendant plus de 10 ans, Ferenc Török nous illumine de son talent avec sobriété. Avec également Laszlo Nemes ("le fils de Saul") et Janos Szasz ("le grand cahier"), le cinéma hongrois a un bel avenir. Attention chef d'oeuvre.