Jeremy Saulnier nous revient avec son nouveau film, près de 3 ans après le bon Green Room, et 4 ans après l'excellent Blue Ruin.
Hold the Dark prend place en terre reculée d'Alaska,où un anthropologue (Jeffrey Wright qui est excellent) est engagé par une mystérieuse femme (Riley Keough qui se révèle encore une fois être une actrice de talent) pour traquer les loups ayant tué plusieurs enfants du village, notamment le sien. Le tout va très vite prendre une autre tournure lorsque son mari, fraichement rentré d'Irak, va apprendre la nouvelle (Alexander Skarsgard, magnétique comme toujours).
Si il y a bien quelque chose qui fait le point fort de Jeremy Saulnier, c'est dans le fait de retranscrire des ambiances anxiogènes, sombres et mystérieuses.
Et Hold the Dark ne fait pas exception, la réalisation est encore une fois maîtrisée, comportant son lot de shots aiguisés comme des lames de rasoirs, où la nature enneigée et cette région sauvage sont mises à l'honneur.
L'intrigue se suit avec un vrai plaisir,malgré un sens de la narration pas toujours optimal (surtout dans sa dernière partie, renvoyant à une tragédie grecque sans une conclusion aussi forte et lourde de sens). Le récit ne manque cependant pas de tension à intervalles réguliers, jusqu'à une séquence de milieu de film extrêmement violente (on ne retrouvera malheureusement pas la même intensité par la suite
Hold the Dark renverse nos attentes à 180° très rapidement, pour jouer dans la cour de l'Arctic Noir lancinant avec son lot d'images empruntes au mysticisme indigène sous forme de marche funèbre (malheureusement pas jusqu'au-boutiste encore une fois).
Macon Blair (l'acteur fétiche de Saulnier et scénariste) y fait également son apparition, et l'OST arrive à nous hanter, allié à un montage de très haute qualité.
Pas de tout sur la forme, c'est un quasi sans-faute,avec un récit où cette tension silencieuse dans cet Alaska au ciel sombre et dénué de vie peine à être maintenue et nourrie jusqu'à sa conclusion.
Le casting est impeccable (Wright qui arrive à faire peu de choses avec un simple regard ou pause dans son élocution,pareil pour Skarsgard), et l'ajout de James Badge Dale en officier de police (acteur qu'on voit trop peu) est un ajout vraiment bienvenu.
Hold the Dark est donc ni plus ni moins qu'un bon film, doté d'une réalisation, d'une fabrication et d'une ambiance vraiment savoureuse, au rythme de pas dans la neige qui n'est plus si blanche et pure que cela.