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Un visiteur
5,0
Publiée le 2 juin 2017
j'ai adoré ce film, les dialogues, les acteurs peu de films ont une telle grâce, une telle douceur je vous le conseille donc vivement. c'est singulier et ça fait du bien
Les intentions, nous les comprenons aisément. S’efforcer d’injecter une poésie dans un Paris désespéré où même mouettes et goélands viennent frapper le sol comme autant de suicidés constitue une démarche louable et intéressante, si et seulement si l’approche choisie par la réalisatrice n’avait la légèreté d’un bulldozer. Voilà un microcosme qui aimerait capter les aléas d’un cœur qui bat à l’unisson de celui des autres, mais qui évacue toute spontanéité : les acteurs ont un jeu excessif, faux et peut-être voulu ainsi ; néanmoins, ce surjeu ne dit rien ni du thème ni des relations entre les personnages. Le montage multiplie les effets de transition tape-à-l’œil afin de donner au long métrage des airs de conte ; de même, la musique signée Bertrand Burgalat essaie de lui faire quitter le sol. Mais rien à faire. Ses ailes de goéland l’empêchent de marcher, de s’envoler, le condamnent à rester là. Quelques belles compositions de plans rehaussent l’ensemble d’un intérêt fugace, à l’instar du visage de Jean Sorel filmé en gros plan, comme pour tenter de percer son mystère intrinsèque. C’est bien peu.
Viviane, dite Mavie (Lolita Chammah), a vingt ans et débarque à Paris. Elle s’installe sur le divan du salon d'une amie (Virginie Ledoyen) qui s'envoie bruyamment en l'air dans sa chambre avec son copain du moment. Pressée de déménager, Viviane répond à une annonce qui lui propose, en échange d'une chambre, quelques heures de travaille dans une librairie. Elle y fait la connaissance de Georges (Jean Sorel), un libraire bougon dont elle se rapproche bientôt...
Sur le papier, "Drôles d'oiseaux" avait tout pour séduire. Un roman d'apprentissage filmé dans les rues du cinquième arrondissement et sur les bords de la Seine. Une histoire d'amour impossible entre une jeune fille en fleurs et un vieil homme revenu de tout. Un zeste de fantaisie (des goélands suicidaires, un hacker irlandais) pour alléger le propos.
Mais, prisonnier de son manque d'ambition, "Drôles d'oiseaux" ne prend pas. Son manque criant de moyens se voit. Sa durée bâtarde (une heure dix) atteste la vacuité de son propos. Il y aurait eu pourtant tant à dire sur cette jeune fille et ce vieux monsieur élégant. "Nelly et Monsieur Arnaud" (ah ! le regard de Michel Serrault sur Emmanuelle Béart assoupie) l'avait fait avec tant de grâce. Après une introduction charmante, à la limite loufoque (qui rappelle les films d'Emmanuel Mouret), la rencontre entre Mavie et Georges est mal filmée. Il n'était pas question d'un coup de foudre. La réalisatrice aurait dû prendre le temps de les laisser se rapprocher. Or, Georges, de misanthrope, devient soudainement épris. Comme si une scène avait sauté au montage. Idem pour l'épilogue, plein d'élégance sur le papier, qui bégaie devant la caméra.
"Drôles d'oiseaux" est l'exemple malheureux du film qu'on aurait tellement aimé aimer.
Un petit film par la durée, un petit film par le sujet, pas désagréable, parfois surprenant et qui permet surtout de mieux faire connaissance avec Lolita Chammah, fille d'Isabelle Huppert, et de retrouver Jean Sorel, pas vu depuis longtemps.