« Mes amis, retenez ceci, il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs ». Disait Victor Hugo, déjà ou encore… Opiner sur ce film, c’est digresser sur cette phrase des Misérables (1862), qui enveloppe entièrement le film. La phrase ne pouvait pas sortir d’ailleurs, ce roman traitant des pauvres gens et des gens pauvres il y a 150 ans –qui sont les mêmes qu’en 2018, au progrès près –mais le progrès… Pour ceux qui sont pour la paix dans le monde, même pourri, il faut donc aller voir ce film. Encore plus quand on est français, évidemment, coincés que nous sommes dans notre société, paradis et enfer, masqués et réunis. Catherine Deneuve et André Dussollier sont crédibles et excellents, dans leurs rôles assez incroyables. Kheiron, connaissais pas –sorry ! Pour certains c’est donc une découverte, comme acteur, comme réalisateur et comme scénariste. Comme acteur, il est bon, c’est clair, en incarnant ce Waël, et avec Deneuve et Dussollier, plus la demi-douzaine d’œufs brouillés en face, on rit, on parle racaille (on s’aperçoit que ce n’est pas une langue, c’est juste un vilain mot). On pleure aussi dans ce film, dans les nombreux flashbacks, montrant le gamin devenu un enfant des rues, la faute aux guerres, aux religions –pas encore la faute au « quartier où t’habites » … Mais il y a au milieu une scène très crue, suivie d’une deuxième, scènes inutiles et néfastes, dont le film n’a pas besoin pour prouver quoi que ce soit de plus, sinon être dans le vent (de la pédocriminalité). C’est ce genre de faiblesse qui, avec d’autres, pousse à penser que Kheiron a sans doute pris trop de responsabilités dans le film. C’est un vrai problème, qu’il a et qu’il doit reconnaître, s’il ne veut pas se brûler les ailes. Mais on rit beaucoup au début, on pleure aussi, et bien qu’après on se cherche un peu, l’ensemble reste un film émouvant, le genre de film où il importe peu que tout soit parfaitement vraisemblable, car on sent que l’intention est bonne. Comme Jean Valjean, Waël alias Kheiron est passé définitivement du côté du bien.