Il est difficile d'écrire sur un film aussi profondément ancré dans l'âme de son réalisateur. Un film dont le résultat (*) exprime tout ce qu'un critique voudrait décrire. La dédicace finale est une pierre d'émotion, d'estime - au sens catalan du terme - qui balaie les défenses du spectateur.
Estiu 1993" ne contient pas un seul personnage déconnecté de l'humain, ni une seule situation nécessairement littéraire - mais son scénario est littéraire, subtil et transparent, lent et profond. Les jeux et les spectacles pour enfants sont naturels - la peste en haut, la peste en bas, après tout, le VIH est le fléau des 20e et 21e siècles - et les conversations, sotto voce, les conversations... auxquelles Frida assiste comme si elle ne le voulait pas, nous mettent un noeud à la gorge. Combien de fois avons-nous (pas) remarqué qu'un enfant écoute ce qu'il ne devrait peut-être pas comprendre. Et pourtant, son radar pour enfants surmonte les pièges du code des adultes et du langage. La compréhension, à un certain niveau, transcende la sémantique, le sens formel des mots ; c'est une pure vibration émotionnelle.
Le point de vue, à mon avis, est un et deux. Celle de la jeune fille, Frida, et celle de la réalisatrice elle-même, évoquant -intuitivement- la même Frida qu'elle était.
Le film nous apprend à faire la différence entre un chou et une laitue, si vous voyez ce que je veux dire, à nous arrêter dans la poussière qui est suspendue quand une voiture sort du cadre, à voir les faiblesses et les richesses.
Quand la nuit est très sombre, il y a une lumière qui nous incite à revenir