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Olivier Barlet
299 abonnés
396 critiques
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4,0
Publiée le 13 octobre 2021
Beaucoup se sont employés à documenter la dureté de la migration, pour prévenir, pour agir. Si Tilo koto apporte une pierre originale à cette démarche, c’est qu’au-delà de documenter le traumatisme et en construire ainsi une mémoire, à la faveur des peintures de Yancouba qui opère lui-même le parallèle entre son vécu et les bateaux négriers, il ancre la compréhension de l’exil et de l’errance. Un film sensible et marquant à diffuser largement. (lire l'intégralité de la critique et un entretien avec Sophie Bachelier et Yancouba Badji sur le site d'Africultures)
Tilo Koto (2021) nous entraine au Sénégal, plus précisément dans la région de Casamance. On y fait la connaissance de Yancouba Badji qui, comme bon nombre de sénégalais (et d’africains au sens large), rêve d’ailleurs, d’exil vers l’Europe, parfois au péril de leur vie. Sauf qu’il n’a jamais pu traverser la Méditerranée, son périple s’est arrêté en Libye et il a bien faillit y perdre la vie.
Pour se reconstruire, Yancouba se met à la peinture et tente de coucher sur la toile ses maux et ses peines après avoir traversé non pas l’océan mais l’enfer. Sophie Bachelier & Valérie Malek s’intéressent à ces hommes qui rêvent d’une autre vie mais qui se retrouvent confrontés à une toute autre réalité (notamment la prison et la torture en Lybie, les filles violées ou encore le racket). Après avoir erré durant des mois et des mois sur les routes clandestines, certains n’ont d’autre solution que de rebrousser chemin et de rentrer chez eux, quand d’autres au contraire s’y refusent surtout quand leurs familles se sont endettées pour payer leur voyage). Quand il ne peint pas, Yancouba met tout en œuvre pour tenter de dissuader les prochains candidats au départ. Un travail de longue haleine où il doit faire preuve de beaucoup de pédagogie.
A l’image du documentaire de Mary-Noël Niba qui traitait lui aussi de l’exil (Partir ? - 2021), les réalisatrices donnent la parole à ces migrants qui ont dû faire face à bien des horreurs pour tenter de trouver une vie meilleure et nous livrent de très beaux portraits, notamment celui de Yancouba qui tente de se reconstruire par le biais de la peinture.
Pour le Casamançais YANCOUBA BADJI, le rêve de l’Europe s’arrête brutalement dans le Sud tunisien, après avoir tenté de traverser la Méditerranée depuis les côtes libyennes. Un an et demi sur les routes clandestines où il a failli maintes fois perdre la vie. TILO KOTO, c’est l’histoire d’un homme brûlé dans sa chair et son âme par la traversée d’un enfer qu’il sublimera par la peinture.
C’est une réalisation commune de Sophie Bachelier et Valérie Malek.
Court mais efficace, j’ai trouvé que c’était un bon documentaire.
Tilo Koto va donc se pencher sur l’immigration Africaine à destination de la France, plus particulièrement subsaharienne. Ce sujet avait déjà été traité dans Partir ? et je vous mets donc un rappel ce que j’avais écrit auparavant. Chaque année, il y aurait 700 000 à 800 000 qui émigrent vers l’Europe pour des raisons aussi bien économique, que climatique ou encore à cause des conflits armés. Cette immigration est souvent pointée du doigt par certaines politiques afin de détourner le regard d’une population en colère. On parle souvent des migrants, mais il n’est pas rare d’avoir en réalité un public ne connaissant pas le fond et n’ayant même jamais entendu ce qu’ils avaient à dire. La parole va être donnée à ceux qui la vivent et l’ont vécu.
Yancouba va être bloqué en Tunisie après avoir cherché un moment à traverser avec plusieurs essais infructueux. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye, collé à la Tunisie, est devenue une plateforme pour le passage illégal de migrant en Afrique. Ce documentaire va bien mettre ce phénomène en avant. Ce Sénégalais va nous raconter les conditions dans lesquels il a tenté de faire la traverser, tout cela facturait une fortune par les passeurs. Ce n’est pas facile à entendre car c’est tellement injuste pour eux. Ils se ruinent pour trouver une meilleure vie, et ils sont pillés par des êtres infâmes. Les économies d’une vie partie dans un radeau ayant peu de chances d’arriver à bon port. Cet échec pouvant alors jusqu'à la mort pour certains.
Dans un centre d’accueil, il va aussi interroger ses camarades. Ils ne sont pas tous aussi bavard. On comprend les motivations de certains à fuir leur pays. Que ce soit pour de l’argent ou fuir l’oppression, chacun à un argument pour rejoindre la France. J’ai notamment apprécié la rencontre avec le musicien. Cela permet de voir des hommes, des noms, derrière les petites statistiques.
Le documentaire va prendre donc une petite distance de recul pour comprendre la chaine “cause, effet et conséquence”. Sur la fin, il y aura une analyse de “pourquoi” le départ et qu’est-ce qui n’est pas viable finalement dans cette idée. Malheureusement, le ton grave montre que certains ont peu le choix s’ils veulent un meilleur avenir. On sent d’ailleurs une résilience par rapport à ce qui va leur arriver en Afrique et risque la mort pour ne pas y arriver. C’est touchant.
Très beau film, qui nous parle d'un engagement au service des siens, et de la thématique du retour en terre natale après un long périple parsemé d'embûches...
TILO KOTO brille par son esthétisme, sa photographie, ses paysages, sa bande-son. TILO KOTO brille par l’interprétation de ses personnages, principalement de YANCOUBA BADJI peintre sénégalais. Ses tableaux sont aussi forts que ce qu’il a vécu (qu’il est difficile d’imaginer). TILO KOTO brille par le message que YANCOUBA fait passer à la jeunesse africaine et à ...l’Europe. Un témoignage politique fort et une belle trace picturale.