Juste extraordinaire... par où commencer ? L'histoire : contexte : Marguerite Duras voit son mari arrêté et déporté en 1944. Ce sont des résistants, au même titre que Dionys Mascolo, lecteur chez Gallimard, François Mitterrand, alias Morland, et d'autres. Tout ce petit monde se réunit régulièrement pour organiser des actions de résistance. Intrigue : c'est l'histoire de la douleur de Marguerite qui attend et espère le retour de son mari. Des thèmes peu abordés généralement sont ici très bien traités : 1) le fantasme, celui qui nous fait vivre un instant à venir possible avant de replonger dans la réalité dans les deux minutes qui suivent. Par exemple, vers la fin du film, la descente d'escalier de Marguerite. Ou encore le début du film (l'affiche). 2) La résistance qui ne supporte pas De Gaulle, celui-ci n'ayant cure des revenants des camps. C'est le créneau qu'occupera François Mitterrand pour se démarquer de De Gaulle. Cette critique est permanente dans le film. C'est un film Mitterrandien. Jusqu'à la critique des fonctionnaires parachutés de Londres (au sens figuré) qui sont dans la négation de cette douleur. 3) à Paris, les portraits de Pétain n'étaient pas si nombreux, il y avait aussi beaucoup de portraits d'Hitler... et les collabos ont mis du temps à partir. Très beau traitement de ce court moment où l'on ne savait plus qui était le maître, 'le flic'. 4) La relation amoureuse (je n'en dis pas plus...). La voix off est parfaite. La reconstitution est très impressionnante : exemple : Avoir trouvé ce document sonore de l'époque, document sur le Japon... etc... Les points forts de ce film : 1) la photographie : le cinéaste nous fait tout, et l'utilisation du flou est magnifique. Chaque plan, chaque manière de poser la caméra donne du sens. Beaucoup de plans rapprochés, caméra derrière les volets (d'un côté la fête, de l'autre l'angoisse ou le drame, celui que De Gaulle veut cacher), contre plongée -la descente d'escalier-). Egalement la manière de filmer la peau du visage de Marguerite, Mélanie Thierry, extraordinaire et très séduisante actrice qu'il me semblait bien avoir vu quelque-part... eh oui, dans le non moins formidable 'au revoir là-haut', précédent film où elle a joué... Où cela va-t-il s'arrêter ? Je m'en vais de ce pas regarder quel est son prochain tournage... car le second point fort, ce sont les acteurs 2) Avec Mélanie Thierry, avons-nous trouvé notre Hanna Schygulla ? Rôle consistant, où les expressions du visage tiennent parfaitement le film durant plus de 2h00. Quant à Benjamin Biolay, il peut tout de suite arrêter la chanson : Il révèle un personnage profond, solide, travaillé... 3) la bande son : n'attendez pas de voir ce film à la télé ou en DVD, vous raterez la bande son, et tout ces petits détails, comme le tic tac dans la chambre, sur la gauche; le genre de détail qui compte dans la perfection d'un film. 4) l'originalité dans le traitement d’événements si souvent traités au cinéma... 5) le traitement cinématographique d'une oeuvre littéraire : c'est très réussit, ça donne envie de lire Duras, ça fait presque peur de ne pas y retrouver toutes les dimensions du film.