Après son hommage à Bergman (Intérieurs), Woody Allen fait son 8 1/2 (film de Fellini, très autobiographique, nous montrant un cinéaste dépressif qui s'évade dans un monde de fantasmes). En effet, Stardust Memories est hyper autobiographique. : le héro, cinéaste célèbre de films comiques, est critiqué de part et d'autre pour avoir réalisé un film dramatique. C'est exactement ce qui venait d'arriver à Allen, après l'accueil froid du film Intérieurs.
Si Stardust Memories est inspiré de 8 1/2, Woody fait néanmoins preuve d'originalité et d'inventivité. Le film part dans tous les sens, on ne sait plus quelle est la part de fantasme, d'imaginaire ou de réel. De plus, nous alternons souvent entre réel et oeuvre de fiction (réalisée par le personnage, Sandy Bates, qui rappelons-le est réalisateur). Pour enfoncer le clou, nous découvrons au final que tout ce que nous venons de voir n'est qu'un "film dans le film"! Woody semble tourner autour de lui-même, il réalise un film sur lui-même. Et même, il répond aux questions des spectateurs à ce propos ("êtes-vous égocentrique?").
On peut dire aussi que le film est un bon antidote à l'angoissant Intérieurs. Ici, on retrouve les fameuses joutes verbales de notre acolyte et son sens du divertissement intelligent. Une scène mémorable, celle de la mort du cinéaste, où il se remémore une scène toute bête de la vie quotidienne. Nous voyons alors un long plan sur Charlottes Rampling, assise parterre dans l'appartement. Charlotte Rampling est d'ailleurs magistrale, ainsi que Jessica Harper. A propos de ces femmes qui parcourent le film, à force d'originalité et d'idées foisonnantes, on ne sait plus qui est qui, qui est réel ou non. Nous ne cernons plus trop les personnages et perdons un peu le fil. Mais cette faiblesse apparente donne en réalité tout son sens au film, qui est en fait un questionnement perpetuel. Tout de même, on reste légerement sur notre faim.
8/10